Saturday, August 21, 2010

NOAM CHOMSKY SUR LA POLITIQUE ETRANGERE D'OBAMA

Interview Noam Chomsky sur la politique étrangère d’Obama, sur sa propre histoire et sur l’importance de faire entendre son opinion (Democracy Now !) Noam CHOMSKY AMY GOODMAN : le ministre de la Défense Robert Gates a rencontré des dirigeants des Emirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite la semaine dernière pour obtenir leur soutien à une nouvelle série de sanctions contre l’Iran et son programme d’enrichissement d’uranium. Tandis que l’administration Obama intensifie ses efforts pour obtenir l’appui de la Russie et de la Chine pour durcir les sanctions, la France et la Finlande on laissé entendre que l’Union Européenne pourrait prendre des mesures unilatérales contre l’Iran si aucune résolution n’était adoptée à l’ONU. Tandis que les Etats-Unis, l’Union Européenne et Israel renforcent leurs pressions sur l’Iran, nous avons passé une heure en compagnie du linguiste et dissident mondialement connu, Noam Chomsky, dont la dernière conférence commence par une analyse critique de la politique des Etats-Unis à l’égard de l’Iran. (…) Nous commençons par un extrait de sa conférence prononcée au Harvard Memorial Church à Cambridge, Massachussets. NOAM CHOMSKY : Il y a quelques jours, mon quotidien préféré, le London Financial Times, a identifié l’Iran comme le principal problème actuel en matière de politique étrangère pour Obama. L’article a été publié à l’occasion de l’échec d’Hillary Clinton à convaincre le Brésil de se joindre aux appels des Etats-Unis pour un durcissement des sanctions et de l’insistance du Président Lula à promouvoir les relations avec l’Iran, des relations commerciales, etc, en déclarant que l’Iran avait le droit d’enrichir de l’uranium pour produire de l’énergie nucléaire, comme tous les signataires du Traité de Non Prolifération. Bien entendu, l’article a aussi présenté la position de Lula comme une sorte d’anomalie. Pourquoi ne se joint-il pas à la communauté internationale, au reste monde ? C’est une coutume intéressante, très caractéristique de l’emprise de la culture impérialiste, car que désigne le terme de « communauté internationale » ? Si on regarde les choses de près, on se rend compte que la « communauté internationale » désigne en fait les Etats-Unis et tous ceux qui sont d’accord avec eux. Tous les autres ne font pas partie du reste du monde. Ils sont ailleurs. Il se trouve que dans le cas présent, la position de Lula correspond à celle de la majorité de la planète. Vous pouvez être d’accord avec ou pas, mais c’est la position, par exemple, des anciens pays du mouvement des non-alignés, de la majorité de pays du monde et de la grande majorité de leurs populations. Ils ont vigoureusement répété et défendu le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium pour des objectifs pacifiques, en rappelant que ce pays est signataire du Traité de Non Prolifération, ce qui lui accorde ce droit. Mais ils ne font pas partie du reste monde. Un autre groupe qui ne fait pas partie du reste monde est la population des Etats-Unis. Les derniers sondages que j’ai vus, publiés il y a deux ans, montraient qu’une grande majorité d’Américains pensaient que l’Iran avait le droit de développer une énergie nucléaire, mais pas une arme nucléaire, évidemment. En fait, selon ce sondage, sur tout un ensemble de sujets, les opinions exprimées par les Américains étaient pratiquement identiques à celles des Iraniens. Lorsque le sondage a été présenté à Washington lors d’une conférence de presse, le présentateur a fait remarquer que si les peuples avaient la possibilité de décider de la politique, les tensions et les conflits seraient probablement résolus. C’était il y a deux ans. Depuis, il y a eu une énorme masse de propagande autour de la menace iranienne, etc. Je suppose que si le sondage était effectué aujourd’hui, les chiffres seraient différents. Mais c’était en 2007, il y a trois ans. A un moment donné donc, les Américains ne faisaient pas partie du reste du monde. La majorité de la population mondiale n’en faisaient pas partie et Lula, en exprimant une opinion largement partagée, n’en faisait pas partie non plus. On pourrait rajouter aussi qu’il est probablement la personnalité politique la plus populaire de la planète, mais cela non plus n’a pas d’importance. Alors, que dire du conflit avec l’Iran et de la menace iranienne ? Une personne sain d’esprit ne voudrait pas voir l’Iran fabriquer des armes nucléaires. Personne, en fait. Sur cette question, l’accord est donc général. Et il y a effectivement un réel problème de prolifération d’armes nucléaires. C’est une affaire sérieuse. Et le discours d’Obama mentionne et insiste sur la nécessité de stopper la prolifération d’armes nucléaires et de réduire, et éventuellement éradiquer, de telles armes. Voilà pour le discours. Maintenant, voyons les faits. Tout est devenu clair il y a quelques mois. Une fois de plus, le Conseil de Sécurité (des Nations Unies) a adopté une résolution, le numéro 1887 - je crois que c’était au mois d’Octobre – qui critiquait l’Iran pour n’avoir pas respecté les exigences du Conseil de Sécurité et qui appelait tous les états à signer le Traité de Non Prolifération et à résoudre leurs conflits sans proférer des menaces de recourir à la force. Cette dernière partie de la résolution n’a pas vraiment fait la une des journaux pour une raison bien simple : elle s’adressait à deux pays, les deux pays qui menacent régulièrement de recourir à la force, à savoir les Etats-Unis et Israël. La menace de recourir à la force est une violation de la Charte des Nations Unies, pour ceux qui lui accordent encore la moindre importance. On n’en parle jamais. Mais pratiquement tout le monde – et je parle là de toutes les tendances politiques – emploie la phrase rituelle de « toutes les options sont envisageables ». Ce qui constitue une menace. Et la menace n’est pas une menace en l’air. Par exemple, Israël envoie ses sous-marins nucléaires, qui sont pratiquement indétectables, dans le Golfe, à distance de tir de leurs missiles nucléaires - Israël a beaucoup d’armes nucléaires – sur l’Iran. Les Etats-Unis et leurs alliés effectuent des exercices militaires dans la région, des exercices clairement dirigés contre l’Iran. Mais il y a un petit grain sable, parce que la Turquie refuse d’y participer, mais ils essaient de la convaincre. Nous avons donc affaire à des menaces, verbales et politiques. Israel envoie des sous-marins nucléaires et d’autres navires de guerre par le canal de Suez, avec l’accord tacite de l’Egypte, de la dictature egyptienne, un autre état de la région soumis aux Etats-Unis. Ce sont des menaces – répétées, verbales et concrètes. Ces menaces ont pour effet d’encourager l’Iran à développer un moyen de dissuasion. Qu’ils soient en train de le faire ou pas, je n’en sais rien. Peut-être qu’ils le sont. Mais s’ils le sont, la raison, et je crois que tout analyste sérieux serait d’accord, ce n’est pas parce qu’ils auraient l’intention d’utiliser des armes nucléaires. S’ils s’avisaient à ne serait-ce qu’armer un missile avec une tête nucléaire, c’est une hypothèse, le pays serait vitrifié en cinq minutes. Et personne ne croit que les religieux au pouvoir, quelle que soit l’opinion qu’on peut en avoir, ont des tendances suicidaires et veulent voir tout le pays, la société entière et tout leurs biens avec, partir en fumée. En fait, les hauts responsables des services de renseignement US, qui se sont exrpimés, estiment que la probabilité de voir l’Iran utiliser un jour une arme nucléaire est d’un pour cent, c’est-à-dire si faible qu’on ne peut pas vraiment l’estimer. Mais il est possible qu’ils développent de telles armes comme un moyen de dissuasion. Un des historiens les plus importants en Israel, Martin van Creveld, il y a quelques années, après l’invasion de l’Irak, a écrit dans la presse internationale qu’il ne voulait bien sûr pas voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire, mais que s’ils ne le faisaient pas, a-t-il dit, ils seraient fous. Les Etats-Unis venaient d’envahir l’Irak en sachant que le pays était sans défense. C’est une des raisons pour lesquelles ils se sont sentis en position de le faire. C’est facile à comprendre. Les dirigeants iraniens aussi le comprennent. Alors, pour citer van Crevels, « s’ils ne sont pas en train de développer une arme de dissuasion nucléaire, ils sont fous ». Qu’ils soient effectivement en train de le faire ou non est un autre débat. Mais il ne fait aucun doute que la position hostile et agressive des Etats-Unis et d’Israel constituent un facteur important pour les hauts dirigeants iraniens, pour décider ou non de développer une arme de dissuasion. (fin de l’extrait de la conférence) AMY GOODMAN : Nous sommes avec le professeur Noam Chomsky que nous avons interviewé au Harvard Memorial Church à Cambridge, Massachusetts. Ma première question porte sur son analyse de la politique étrangère du Président Obama NOAM CHOMSKY : Lorsqu’Obama a pris ses fonctions, ou lorsqu’il a été élu, un haut fonctionnaire de l’administration Bush – je crois qu’il s’agissait de Condoleezza Rice – a prédit que sa politique étrangère serait dans la continuation de celle du deuxième mandant de Bush. Le deuxième mandat de Bush était différent du premier. Le premier mandat était agressif, arrogant, envers le monde entier, y compris les alliés, et il a produit un effet assez négatif – à cause de sa politique mais aussi à cause de son style – sur le prestige des Etats-Unis, qui est tombé plus bas que jamais auparavant. Ce qui portait atteinte aux intérêts de ceux qui décident de la politique étrangère – les milieux d’affaires et les sociétés privées, les décideurs, etc. Il y a donc eu beaucoup de critiques de leur part au cours du premier mandat. Le deuxième mandant était quelque peu différent. D’abord, les personnages les plus extrémistes ont été débarqués. Rumsfeld, Wolfowitz, quelques autres, ont été envoyés se mettre au vert. Ils n’ont pas pu se débarrasser de Cheney, parce que Cheney était le gouvernement, et ils ne pouvaient pas se débarrasser du gouvernement. Mais beaucoup d’autres sont partis, et la politique est retournée à la norme, une norme plus ou moins centriste. C’est-à-dire qu’on parlait un peu plus de négociations, un peu moins d’agressions, ce genre de choses. Et on a adopté une attitude plus polie envers les alliés. Notre politique n’avait pas vraiment changé, mais elle était devenue plus présentable. C’était ça, la prédiction sur la politique d’Obama. Et c’est bien ce qui est arrivé. En fait, il y a un exemple pour illustrer ce phénomène. Un peu anachronique, mais je crois qu’il s’applique. En 1962, au moment de la crise des missiles à Cuba, lorsque le monde a dangereusement frôlé le bord du précipice – le moment le plus dangereux de l’Histoire a dit Arthur Schlesinger, conseiller de Kennedy – au summum de la crise des missiles, les décideurs US envisageaient de prendre des mesures qui pouvaient détruire l’Europe, et la Grande-Bretagne en particulier, et ils le savaient. Ils étaient là, le plus sérieusement du monde, en train d’échafauder des scénarios qui se concluaient par la destruction de la Grande-Bretagne. En fait, non seulement ils prenaient ça au sérieux, mais ils prenaient même des mesures qui poussaient dans ce sens. Mais ils se sont bien gardés de le dire à la Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne est censée entretenir une relation spéciale avec les Etats-Unis. Les Britanniques à l’époque étaient plutôt mécontents parce qu’ils n’arrivaient pas à savoir ce qui se tramait. Tout ce que le premier Ministre, MacMillan, arrivait à savoir, c’était ce que ses services de renseignement lui transmettaient. On en était donc là, avec l’élite parmi l’élite du pays qui dressait des plans qui pouvaient aboutir à la destruction de la Grande-Bretagne, sans les tenir informés. C’est à ce stade qu’un haut conseiller de l’administration Kennedy – je crois qu’il s’agissait de Dean Acheson – est entré dans la discussion, et il a précisé la notion de « relation spéciale ». Il a dit que la relation spéciale avec la Grande-Bretagne signifiait que la Grande-Bretagne était notre lieutenant ; le terme de rigueur est « partenaire ». Et les Britanniques, bien sûr, aiment bien entendre ce mot. Eh bien, c’est ça la différence entre Bush et Obama. Bush leur disait simplement « vous êtes notre lieutenant. Si vous ne faites pas ce que l’on vous dit de faire, vous n’êtes plus utiles ». En fait, ce sont les termes que Colin Powell a employés à l’ONU, je crois. « Faites ce que nous vous disons de faire. Vous n’êtes que notre lieutenant, sinon oubliez... » C’est quelque chose de désagréable à entendre. On préfère entendre « vous êtes notre partenaire. » Vous savez, dans le genre « je vous aime ». Ensuite, discrètement, en coulisses, nous les traitons comme des lieutenants, mais ce n’est pas grave. Je pense que c’est là que réside la différence principale. AMY GOODMAN : qu’en est-il du mouvement anti-guerre aux Etats-Unis ? Vous en avez fait partie, vous avez été très actif, depuis la guerre au Vietnam jusqu’à ce jour. Comment voyez-vous les choses par rapport à une personne pour laquelle beaucoup d’entre eux ont consacré d’énormes efforts à faire élire ? NOAM CHOMSKY : Mon opinion, qui n’est pas très répandue, est que le mouvement anti-guerre est bien plus puissant aujourd’hui qu’il ne l’a été dans les années 60. Dans les années 60, il y eut un moment, en 1969, où le mouvement contre la guerre du Vietnam était très puissant. Mais il faut se souvenir que la guerre a commencé, qu’elle est devenue une vraie guerre ouverte, en 1962. A cette époque, 70.000 ou 80.000 personnes avaient déjà été tuées sous le régime fantoche du Sud Vietnam. Mais en 1962, Kennedy a lancé une guerre ouverte, en faisant bombarder le Sud Vietnam – les avions portaient les couleurs du Sud Vietnam, mais tout le monde savait de quoi il retournait et ça se disait ouvertement même – en autorisant le recours au napalm, l’utilisation d’armes chimiques pour détruire les cultures et la végétation. Il a lancé un programme qui a chassé des millions de personnes des campagnes qui se sont retrouvées regroupées dans ce qu’il faut bien appeler des camps de concentration pour, selon les termes employés, les « protéger de la guérilla » qui avait l’appui de la population, chose que le gouvernement savait parfaitement. On peut voir la même chose aujourd’hui en Afghanistan, si vous prenez la peine de lire entre les lignes les histoires sur la conquête de la ville de Marjah. Nous avons poussé la population vers des camps de concentration pour les protéger de ceux, les guérilleros, qu’ils soutiennent. Il s’agit d’une guerre, vous savez, d’une vraie guerre. Il n’y a eu aucune protestation, littéralement. Il a fallu des années avant de voir les premiers signes de protestation. Ceux d’entre vous qui sont assez vieux se rappelleront peut-être qu’à Boston, une ville progressiste, au mois d’octobre 1965 – ça faisait déjà trois ans que des centaines de milliers de soldats US étaient occupés à ravager un pays, que la guerre s’était étendue à Nord Vietnam, et ainsi de suite – il y a eu la première tentative de manifestation publique contre la guerre. C’était en octobre 1965. Je devais y prendre la parole. Je n’ai pas pu dire un mot. La manifestation fut violemment dispersée. Beaucoup d’étudiants ont marché pour tenter de disperser la manifestation et il y avait aussi des centaines de policiers. Le lendemain, le Boston Globe, le quotidien le plus progressiste du pays, a consacré toute sa première page à dénoncer les manifestants, pas ceux qui les ont attaqués. Ils ont publié en plein milieu de la page la photo d’un soldat blessé, ce genre de choses. C’était au mois d’octobre 1965, il y avait des centaines de milliers de soldats là-bas, la guerre prenait de l’ampleur. Finalement, des années plus tard, en 1968, on a vu surgir un mouvement anti-guerre d’une certaine importance, vers 67, 68. A cette époque, le Sud Vietnam n’existait déjà plus. Le pays avait été virtuellement détruit. Et c’était la même chose pour une bonne partie du reste de l’Indochine. La guerre s’est poursuivie pendant encore de longues années, avec toutes les conséquences terribles, mais nous ne voulions pas voir la réalité en face, nous ne voulions même pas en parler. Cela dit, le mouvement anti-guerre a obtenu quelques résultats, mais bien plus tard. Comparons à présent avec l’Irak. Il y a eu d’énormes manifestations avant même le déclenchement officiel de la guerre. Nous savons à présent que Blair et Bush mentaient tout simplement lorsqu’ils disaient qu’ils cherchaient une solution diplomatique. Ils avaient déjà déclenché la guerre. C’est ce qui ressort des fameux rapports de Downing Street (Downing Street Memos) en Angleterre. Il y a eu d’énormes manifestations. Et je crois qu’elles ont eu au moins un effet. La guerre américaine en Irak était déjà terrible. Elle a fait probablement un million de victimes, et chassé quelques millions d’autres hors du pays. C’était assez horrible. Mais cela aurait pu être bien pire. Ils auraient pu faire en Irak ce qu’ils avaient fait au Sud Vietnam. Ca n’a pas été le cas. Il n’y a pas eu de tapis de bombes sur tout le pays par des B52, il n’y a pas eu d’armes chimiques et ainsi de suite. Et je crois que c’est grâce au mouvement anti-guerre. La population était devenue plus civilisée. Je crois que c’est une des tristes réalités des années 60. AMY GOODMAN : Et l’Afghanistan ? NOAM CHOMSKY : L’Afghanistan est un cas intéressant. Cette guerre nous a été vendue comme une riposte « juste » - mais toutes les guerres sont « justes » - pour combattre le terrorisme, comme une riposte à une attaque terroriste. Cette idée est tellement ancrée qu’il me faudrait plus de temps pour en parler. L’important ici est que ce n’était pas là le véritable objectif de cette guerre. Si l’objectif de cette guerre était d’isoler Al Qaeda, d’éradiquer le terrorisme, il y avait des moyens plus directs pour y arriver. Si vous retournez dans le passé, le mouvement djihadiste était très critique envers les attaques du 11 Septembre. Des fatwas étaient prononcés par les religieux les plus radicaux, de l’université Al Azhar par exemple, le principal centre théologique, qui condamnaient Al-Qaeda, Oussama Ben Laden et les attaques terroristes. Ils disaient que ce n’était pas musulman, qu’ils n’auraient jamais fait une chose pareille, etc. Alors, si on voulait réellement éradiquer le terrorisme, la chose la plus évidente à faire aurait été d’isoler Al-Qaeda, de tenter de gagner du soutien, y compris celui du mouvement djihadiste, et bien sûr celui de la population qu’ils essaient de mobiliser. Vous savez, les terroristes se voient comme une sorte d’avant-garde. Ils essaient de mobiliser les gens à leur cause. Tous les spécialistes du terrorisme le savent. On aurait donc pu le faire à ce moment-là, et on aurait pu procéder à l’identification des coupables ce qui, soi-dit en passant, était impossible parce qu’ils n’en savaient rien, chose qu’ils ont admis après coup. Mais ils auraient pu essayer de les identifier, les présenter à la justice – avec de vrais procès, sans tortures – ce qui aurait fortement réduit, sinon éradiqué, le terrorisme islamique. Eh bien, ils ont fait tout le contraire. Ce qu’ils ont essayé de faire, c’est de mobiliser la population et le mouvement djihadiste en faveur d’Al-Qaeda. C’est exactement l’effet produit par l’invasion de l’Afghanistan suivie plus tard par celle de l’Irak. C’est aussi l’effet produit par Guantanamo et Bagram et d’autres centres de torture. Tous ceux qui y ont participé savent parfaitement qu’ils ont crée des terroristes. AMY GOODMAN : Pensez-vous qu’Obama devrait faire juger les prisonniers de Guantanamo à New-York ? NOAM CHOMSKY : Ca dépend si vous voulez faire partie des pays civilisés ou être un état voyou. Si vous voulez être un état voyou, faites ce qui vous plait. Vous pouvez torturer, tuer, tout ce que vous voulez. Si vous voulez faire partie du monde civilisé, et si vous voulez diminuer l’attrait du mouvement djihadiste extrémiste, alors faites les juger par des tribunaux civils. En fait, le fait même qu’ils se trouvent à Guantanamo constitue un scandale. Cest quoi, Guantanamo ? Guantanamo a été volé à Cuba par la force des armes, il y a un siècle. Ils ont dit « donnez-nous Guantanamo, sinon… ». Cuba était alors sous occupation militaire. Ils appellent ça un traité, et le traité de Guantanamo, si vous voulez l’appeler ainsi, autorisait les Etats-Unis à l’utiliser comme base navale. Mais ce n’est pas à ça qu’elle sert. Elle a d’abord servi pour parquer les réfugiés haïtiens. Lorsque les haïtiens fuyaient les dictatures soutenues par les Etats-Unis, les Etats-Unis leur refusaient l’asile politique. On disait qu’ils n’étaient que des réfugiés économiques. Les gardes-côtes tentaient de les intercepter, et si certains arrivaient à passer, on les envoyait à Guantanamo. Voilà à quoi servait cette base. En fait, la base sert à fabriquer des terroristes. Ce n’est pas mon opinion, c’est l’opinion de ceux qui y ont mené les interrogatoires, comme Matthew Alexander, qui a écrit un article à ce sujet. Il a dit que c’était un moyen très efficace pour fabriquer des terroristes. Un moyen qui inspire, qui transforme beaucoup de gens en terroristes, notamment ceux qui ont été arrêtés quelque part pour une raison quelconque. Alors oui, si vous le voulez vraiment, si votre objectif est de réduire la menace du, disons, terrorisme islamiste, et si vous voulez faire partie du monde civilisé, vous devez les juger devant un tribunal civil. Mais la plupart de ceux qui sont à Guantanamo… c’est vraiment scandaleux... on y trouve des gamins de quinze ans qui ont été arrêtés parce qu’ils portaient un fusil au moment où le gouvernement des Etats-Unis envahissait leur pays. C’est ce qu’on appelle un terroriste. Et c’est probablement le cas pour l’écrasante majorité des prisonniers à Guantanamo. Si le but était d’être civilisé et de réduire la menace terroriste, on aurait du les enfermer dans une prison aux Etats-Unis. Ce n’est pas un problème de sécurité. Ils ne vont pas s’évader d’une prison de haute sécurité, et ils n’ont pas de pouvoirs magiques pour aller répandre un poison ou je ne sais quoi. Evidemment, une telle option n’arrangeait pas le gouvernement des Etats-Unis parce qu’il n’avait pas de preuves contre eux. Ils ont été envoyés à Guantanamo avec l’idée de les soustraire aux droits garantis par les lois américaines. Vous pouvez toujours faire semblant qu’ils n’étaient pas sous la juridiction des Etats-Unis, et que les lois américaines ne s’appliquaient donc dans leur cas. Finalement, la Cour Suprême, après de longues hésitations, a fini par concéder qu’ils avaient bien des droits. L’administration Bush a accepté la décision. Pas Obama. L’administration Obama tente actuellement de faire annuler un jugement rendu par un juge de droite, nommé par Bush, qui a dit que la décision de la Cour Suprême s’appliquait aussi à la prison de Bagram, le centre de torture en Afghanistan. L’administration Obama tente de contrer ce jugement, ce qui signifie que la décision de la Cour Suprême n’est qu’une farce. Si vous voulez torturer quelqu’un, ne l’envoyez pas à Guantanamo parce que la Cour Suprême a déclaré qu’on ne pouvait pas torturer à Guantanamo ; alors vous l’envoyez à Bagram. Alors si vous arrêtez quelqu’un au Yémen, ou n’importe où, et que vous voulez le soustraire au droit international, au droit US par la même occasion, OK, pas de problème, envoyez-le à Bagram. C’est ça la position officielle de l’administration Obama. C’est pour ces raisons que même les plus virulents spécialistes de l’anti-terrorisme, comme Michael Scheuer, disent que les meilleurs alliés d’Al Qaeda et d’Oussama Ben Laden sont les Etats-Unis, parce que nous faisons exactement ce qu’ils veulent que nous fassions. Ce qu’ils veulent, c’est vendre leur croisade au monde musulman, en disant qu’il y a des types qui cherchent à les tuer et qu’ils faut se défendre. Oui, vraiment, nous faisons tout ce qu’ils demandent. AMY GOODMAN : (…) que pensez-vous de l’administration Obama et du conflit Israélo-palestinien ? NOAM CHOMSKY : Le conflit israélo-palestinien est un cas facile. Il y a un consensus international quasi-total depuis 35 ans maintenant sur ce qu’il convient de faire pour résoudre le problème – du moins à court terme - à savoir : deux états avec des frontières reconnues par toutes les parties, avec, selon les termes employés, « des modifications mineures et acceptées par les deux parties ». C’était d’ailleurs la politique officielle des Etats-Unis jusqu’à ce qu’ils décident un jour de s’évader du monde réel, au début des années 70. Et c’est un point de vue très largement partagé. En 1976, il y a même eu une résolution du Conseil de Sécurité appelant à une solution à deux états. Les Etats-Unis ont opposé leur veto. Et ça n’a pas cessé depuis. Je ne vais pas passer toute l’histoire en revue, mais si on en arrive directement au présent, le consensus est désormais quasi-total. Autour de ce consensus, on trouve tous les états arabes, et ce depuis longtemps. On trouve l’Iran, l’Organisation des Etats Islamiques. On trouve le Hamas. En fait, on trouve tout le monde sauf les Etats-Unis et Israël. Que dit l’administration Obama ? C’est intéressant. Obama a cette grande vision, mais si vous regardez les choses de plus prés, en oubliant la vision et en examinant les faits, les choses changent. D’un côté, il demande poliment aux Israéliens de ne plus étendre leurs colonies, ce qui n’a pas de sens, parce que le problème, c’est l’existence même des colonies, pas leur extension. De plus, ces mots n’ont aucun sens. Il ne fait que répéter les propos de Bush. En fait, il cite ce que l’on appelle la Feuille de Route, le soi-disant accord officiel pour aller de l’avant. Il ne fait que le citer. Ca n’a aucun sens, mais ça fait malgré tout partie de sa grande vision. D’un autre côté, et qui est plus intéressant, peu de temps après sa prise de fonction, il a donné son premier et jusqu’à présent son unique discours sur le conflit israélo-palestinien. C’était au moment où il présentait George Mitchell comme son négociateur, ce qui est un bon choix, si on lui donne les moyens de réussir. C’est à ce moment-là qu’Obama a expliqué ce qu’il avait l’intention de faire. C’était au moment de la main tendue vers le monde musulman. Il a dit, en parlant de la proposition de paix arabe, eh bien voilà ce que j’appelle une proposition constructive – c’était sa façon à lui de flatter les auteurs de la proposition. Puis il a enchainé, en déclarant, « Il est temps que les Arabes se conforment à leur proposition de paix et commencent à normaliser leurs relations avec Israël. » Obama est un homme instruit, intelligent. Je suppose qu’il choisit ses mots avec soin. Il savait parfaitement que ce n’était pas la proposition de paix arabe. La proposition de paix arabe reprenait les termes du consensus international et disait, dans l’éventualité de deux-états, que les états Arabes iraient même au-delà d’une normalisation des relations avec Israël. Obama en a extrait le corollaire, mais a omis la substance, ce qui est une façon comme une autre de déclarer que les Etats-Unis allaient se cantonner dans leur position de refus. Il n’aurait pas pu être plus clair. Avec cet appel à cesser l’expansion des colonies, il a été un peu plus loin – pas lui, personnellement, mais ses porte-paroles lors des conférences de presse. On leur a demandé si l’administration allait faire quelque chose si Israël refusait. Ils ont répondu « non, c’est purement symbolique ». En fait, ils ont explicitement dit que l’administration ne ferait pas ce que George Bush père, lui, avait fait. George Bush père avait quelques petites punitions qu’il distribuait lorsqu’Israël s’entêtait à désobéir aux Etats-Unis. Clinton les a adoucies et Obama les a supprimées. Il a dit, « non, c’est juste symbolique. » Ce qui revient à dire à Benjamin Netanyahu « allez-y, faites ce que vous voulez. Nous dirons que nous sommes mécontents mais nous le ferons avec un clin d’œil complice, alors allez-y. En attendant, nous participerons, en vous envoyant des armes. Nous vous accorderons un soutien diplomatique et une participation active. » C’est cela, sa vision. Difficile d’être plus clair. Que pouvons-nous faire ? Nous pouvons essayer de faire en sorte que les Etats-Unis rejoignent le monde réel. Dans ce cas précis, ce serait rejoindre le reste du monde. Rejoignez le monde réel et acceptez le consensus international et cessez de participer activement à son viol, c’est-à-dire aux actions de l’état d’Israël. J’aurais pu dire aux actions de l’état d’Israël et des Etats-Unis. Ce qu’Israël et les Etats-Unis sont en train de faire à Gaza et en Cisjordanie, c’est de détruire l’espoir d’une réalisation de ce consensus international. Et je crois qu’il n’y pas beaucoup d’alternatives. En fait, de nombreux militants palestiniens eux-mêmes vont jusqu’à dire qu’il faut abandonner la solution de deux états et laisser Israël s’emparer de tous les territoires, éventuellement les annexer, pour ensuite passer à une lutte pour les droits civiques et une lutte similaire à celle contre l’apartheid. Ceux qui disent ça sont aveugles. Cela n’arrivera jamais. Les Etats-Unis et Israël ne laisseront pas faire. Ils continueront de faire exactement ce qu’ils sont en train de faire : étrangler Gaza, le détacher de la Cisjordanie, en violation des accords internationaux et, en Cisjordanie, s’emparer de tout ce qui les intéresse. AMY GOODMAN : Pouvez-vous nous parler de votre carrière, des moments où vous avez eu à faire des choix, à prendre des risques en quelque sorte. Que diriez-vous aux gens, aux jeunes notamment, sur la notion de courage en politique ? NOAM CHOMSKY : Je n’aime pas trop parler de moi. Cela n’a pas d’importance. Mais puisque vous me posez la question… J’ai été un militant toute ma vie, depuis mon enfance. Mais j’ai commencé à faire des choses concrètes lors de mon engagement dans le mouvement anti-guerre, vers 1962. En 1962, on voyait bien ce qui se passait. Ce n’était pas vraiment caché. Et j’ai décidé de m’impliquer en organisant le mouvement anti-guerre. Il n’y avait pas vraiment de risques, mais ça voulait dire qu’il fallait sacrifier pas mal de choses. Ce sont des combats dans lesquels on ne peut pas s’engager à moitié. Il faut s’y engager à fond, c’est une occupation à temps plein. AMY GOODMAN : Etiez-vous déjà (un professeur) titularisé à l’époque ? En 1956 vous étiez enseignant au MIT (Massachussetts Institute of Technology) NOAM CHOMSKY : 1955. Je ne me souviens plus de l’année. Ca peut vous paraitre étrange aujourd’hui, mais le MIT à l’époque avait deux caractéristiques intéressantes. La première était qu’il était entièrement financé par le Pentagone. Je travaillais dans un laboratoire qui était financé à 100% par trois corps d’armée différents. La deuxième était que c’était le centre principal de résistance du mouvement anti-guerre. Je ne parle pas de critique ou de protestation, je parle de résistance, c’est-à-dire l’organisation d’activités de résistance, des activités illégales. Et le Pentagone s’en fichait parce que, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, l’une des principales fonctions du Pentagone est de camoufler le mode de fonctionnement de l’économie. Les gens aiment à répéter qu’il s’agit d’une économie de marché libre, mais la plupart des inventions sont produites par le secteur public, les ordinateurs, l’internet, les avions, tout ça. En réalité, c’est le secteur public qui prend en charge les coûts de développement et qui assume les risques, et si quelque chose finit par marcher, on en fait cadeau au secteur privé. C’est ce qu’ils appellent le marché libre. Lorsque l’économie était tirée par les produits électroniques, c’est le Pentagone qui servait de couverture. On nous disait de faire ceci ou cela parce que les Russes allaient débarquer. En réalité, ils s’en fichaient. J’ai commencé à m’impliquer en 1962. A l’époque, ça voulait dire que lorsque je donnais une conférence dans une église, c’était généralement devant 4 personnes, le prêtre, l’organisateur, un ivrogne qui était entré par hasard et un type qui voulait me tuer. En 1966, 1965, j’ai tenté d’organiser – avec un ami , décédé depuis - une résistance nationale anti fisc. Nous avons obtenus quelques résultats. Nous avions donc pris quelques petits risques. Mais en 1966 une résistance plus sérieuse a commencé à s’organiser. AMY GOODMAN : vous faisiez la grève de l’impôt ? NOAM CHOMSKY : je n’ai pas payé mes impôts pendant des années. Dans mon cas, le fisc n’aurait eu aucun mal à se faire payer, il leur suffisait de le déduire de mon salaire. Mais les réactions du fisc étaient assez aléatoires pour ce que j’ai pu en juger. Certains pouvaient se voir confisquer leur maison. D’autres sont allés en prison. On peut donc dire qu’il y avait une sorte de risque liée à notre activité. Mais plus grave était le soutien direct à la résistance, soutenir les résistants, les déserteurs, etc. Cela a commencé en 1966 pour devenir public en 1967. Là, il y avait un véritable risque. Mon épouse et moi avions trois enfants. Elle est retournée à ses études, dix-sept ans après, parce que nous estimions que je pouvais finir en prison. Et je n’en suis pas passé bien loin. Le procès avait été programmé pour 1968 et j’étais le principal accusé. J’ai été sauvé, avec tous les autres, grâce à l’offensive du Têt. L’offensive du Têt a été déclenchée en janvier 1968 (offensive militaire décisive vietnamienne - NdT), et les milieux d’affaires US ont décidé que les Etats-Unis devaient se retirer, que la guerre devenait trop couteuse. AMY GOODMAN : de quoi étiez-vous accusé ? NOAM CHOMSKY : de conspiration pour échapper à la conscription, ou pour renverser le gouvernement ou quelque chose comme ça. Je pourrais vous parler de ces procès pour conspiration, c’est intéressant. Il m’arrivait d’en parler, mais cette fois-ci, c’était du concret, du réel. Si l’offensive du Têt n’avait pas été déclenchée, j’aurais probablement passé quelques années en prison. AMY GOODMAN : vous êtes passé en procès ? NOAM CHOMSKY : les procès ont été annulés au lendemain de l’offensive du Têt. Il y avait un procés qui avait déjà commencé, le procès Spock, où il n’y avait que des innocents sur le banc des accusés. Le jugement a été annulé en appel, mais surtout à cause de l’offensive du Têt. Les milieux d’affaires se sont contentés de dire « faites gaffe ». En fait, en 1968, ils ont envoyé un groupe de soi-disant « sages » - quelques hauts dirigeants de Wall Street – à Washington où ils ont remis au président ce qu’il faut bien appeler une liste de consignes. C’était un véritable jeu de pouvoirs. Ils ont dit au président Johnson « arrêtez les bombardements. N’essayez pas de vous faire réélire. Entamez les négociations et le retrait des troupes. » Et il a suivi les consignes au pied de la lettre. Puis Nixon est arrivé et a changé de méthode. La partie visible de l’escalade militaire a décliné. Je dis visible parce que les pires atrocités de la guerre ont été commises après, en 1969, puis la guerre s’est étendue au Cambodge et au Laos, où elle a empiré. Mais tous ces développements étaient plus ou moins cachés. Et ils le sont encore de nos jours. Mais la tension dans le pays est retombée et une de leurs décisions a été l’annulation des procès, parce que le gouvernement voulait faire la paix avec les étudiants. Ca aussi c’est une histoire intéressante. Toujours est-il que les procès ont été annulés. Il y avait donc bien quelques risques. La désobéissance civile n’est pas une partie de plaisir. On peut se faire tabasser ou quelque chose dans ce genre, passer quelques jours en prison, ce qui n’est jamais agréable, mais ce n’est tout de même pas non plus le genre de risques que peuvent prendre des dissidents dans d’autres pays. C’est une décision à prendre et qui vous appartient, parce qu’on ne peut pas y entrer qu’à moitié. Soit c’est sérieux et vous y allez carrément, soit vous participez à une manifestation, vous oubliez et vous retournez à votre travail et rien ne change. Les choses ne changent que par un travail dévoué et consciencieux. Il parait qu’on n’a pas le droit de dire des choses gentilles sur le Parti Communiste, n’est-ce pas ? C’est comme une sorte de règle établie. Pourtant, une des raisons pour lesquelles le « New Deal » a fonctionné, qu’il a eu un impact, c’est parce qu’il y avait des gens qui étaient là, présents tous les jours, sur tous les fronts. Sur celui des droits civiques, du droit du travail, en train d’organiser, de faire ce qu’il y avait à faire, ils étaient là, prêts à faire tourner les machines à ronéotyper – il n’y avait pas d’internet à l’époque - et à organiser des manifestations. Ils avaient une mémoire. Le mouvement avait une mémoire, chose qu’elle n’a plus aujourd’hui. Aujourd’hui, tout le monde doit recommencer à partir de zéro. Mais à l’époque, le mouvement avait une mémoire, une sorte de tradition, et les gens étaient toujours présents. Et en examinant les choses de plus prés, vous constaterez que le mouvement était largement dirigé par le Parti Communiste. Ils ont fini par le détruire, et c’est ce qui manque aujourd’hui, ce genre d’individus dévoués qui comprennent qu’ils ne gagneront pas dés demain, qu’il va falloir travailler, qu’ils connaîtront de nombreuses défaites, qu’ils vivront des moments agités, et qu’il se passera beaucoup de choses désagréables, mais que s’ils persistent, ils arriveront à quelque chose. C’est grâce à ça que nous avons connu le mouvement pour les droits civiques et le mouvement ouvrier, et ainsi de suite. Il y a une leçon à en tirer. Dans les années ’70, il y avait une coupure, très nette, très visible, entre l’opinion élitiste – les journaux, les universitaires d’Harvard, etc - et l’opinion publique. Je dis bien l’opinion publique et pas seulement le mouvement anti-guerre. Chez ces élites, celles qui ont le droit de s’exprimer – et que vous pouvez lire, c’est donc facile à vérifier – la condamnation la plus extrême de la guerre qu’on pouvait trouver était qu’il s’agissait d’une erreur qui s’est finalement révélée trop coûteuse. C’était la condamnation la plus ferme qu’on pouvait trouver chez ces gens-là. Quant à l’opinion publique, environ 70%, selon les sondages, disaient que ce n’était pas une « erreur », que la guerre était fondamentalement mauvaise et immorale. La coupure était donc très nette. Je crois que la leçon à retenir, c’est par exemple, lorsqu’Obama était admiré pour son opposition à la guerre, parce qu’il trouvait que c’était une erreur. Là nous aurions du lui rappeler les généraux nazis, après la bataille de Stalingrad, qui, eux-aussi, trouvaient que c’était une erreur que de se battre sur deux fronts à la fois. Or, la question n’est pas de savoir si s’agit d’une erreur ; la question est de savoir si c’est fondamentalement mal et immoral. C’est ça la leçon que nous devons tirer. L’opinion publique le comprend déjà, mais il faut arriver à en faire quelque chose et à s’organiser. AMY GOODMAN : je vais conclure avec une citation dont je n’arrive pas à retrouver l’auteur. « je revois ma vie et toutes les fois où je pensais avoir été trop loin, et à présent je réalise qu’en fait je n’avais pas été assez loin. » NOAM CHOMSKY interviewé par AMY GOODMAN

L'ONU, L'IMPUNITE ET LA GUERRE

L’ONU, l’impunité et la guerre Fidel CASTRO La Résolution 1929 votée le 9 juin 2010 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a scellé le destin de l’impérialisme. Je ne sais combien de gens auront pris conscience de ce que, entre autres absurdités, le secrétaire général de cet organisme, Ban Ki-moon, exécutant des ordres venus de plus haut, a commis l’idiotie de nommer Álvaro Uribe – alors qu’il était sur le point de conclure son mandat en Colombie – vice-président de la commission chargée d’enquêter sur l’attaque israélienne à la flottille humanitaire qui transportait des aliments essentiels à la population assiégée de la Bande de Gaza, l’attaque ayant eu lieu dans des eaux internationales, à une distance considérable de la côte. Cette décision octroie à Uribe, accusé de crimes de guerre, une impunité totale, comme si un pays aux fosses communes remplies de cadavres de personnes assassinées, dont certaines contenant jusqu’à deux mille victimes, et aux sept bases militaires yankees, plus les autres bases militaires colombiennes à leur service, n’avait rien à voir avec le terrorisme et le génocide ! Le journaliste cubain Randy Alonso, qui dirige le programme « La Table ronde » de notre télévision nationale, a publié le 10 juin 2010, sur le site web CubaDebate, un article intitulé « Le "gouvernement mondial" se réunit à Barcelone », dans lequel il signalait : « Ils sont arrivés à l’agréable hôtel Dolce en voitures de luxe aux vitres fumées ou en hélicoptère. « Plus de cent pontes de l’économie, des finances, de la politique et des médias des USA et d’Europe, qui accouraient à la réunion annuelle du Club de Bilderberg, une sorte de gouvernement mondiale agissant dans l’ombre. » D’autres journalistes honnêtes suivaient comme lui les nouvelles qui parvenaient au compte-goutte de cette curieuse rencontre. Quelqu’un de bien mieux informé qu’eux suivait la piste de ces rencontres depuis de nombreuses années. « Le Club sélect qui s’est réuni à Sitges a vu le jour en 1954, à partir de l’idée du conseiller et observateur politique Joseph Retinger. Ses promoteurs furent au départ le magnat étasunien David Rockefeller, le prince Bernard de Hollande et le Premier ministre belge, Paul Van Zeeland, afin, avant tout, de combattre l’ "anti-américanisme" croissant en Europe et de contrer l’Union soviétique et le communisme qui prenaient de la force sur le vieux continent. « Il a tenu sa première réunion les 29 et 30 mai 1954 à l’hôtel Bilderberg, à Osterbeck (Hollande), d’où son nom, et il s’est retrouvé depuis tous les ans, sauf en 1976. « Il existe un noyau d’affiliés permanents – les 39 membres du Comité directeur – les autres sont des invités. « …l’organisation exige que personne "ne donne d’interview" ni ne révèle rien de qu’ "a dit un participant individuel". Une des conditions sine qua non est une excellente maîtrise de l’anglais… aucun interprète n’étant présent. « On ne sait trop quelle est la portée réelle de ce groupe. Ceux qui l’étudient disent que ce n’est pas par hasard qu’il se réunit toujours un peu avant que ne le fasse le G-8 (ex-G-7) et qu’ils cherchent l’établissement d’un nouvel ordre mondial en matière de gouvernement, d’armée, d’économie et d’idéologie unique. « David Rockefeller a déclaré dans le cadre d’un reportage de la revue Newsweek : "Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble pour ce faire le meilleur organe". « …le banquier James P. Warburg a affirmé : "Que ça plaise ou non, nous aurons un gouvernement mondial. La seule chose à savoir, c’est si ça sera de gré ou de force". « Ils connaissaient dix mois avant la date exacte de l’invasion de l’Iraq. Ils savaient aussi ce qu’il allait se passer avec la bulle immobilière. Avec une information pareille, on peut faire beaucoup d’argent sur toutes sortes de marchés. Nous parlons de clubs de pouvoir et de savoir. « Pour les observateurs, l’un des points qui tracassent le plus le Club, c’est la "menace économique" que représente la Chine, avec ses répercussions sur les sociétés étasunienne et européenne. « Pour connaître son influence sur l’élite, qu’il suffise de dire que Margaret Thatcher, Bill Clinton, Anthony Blair et Barack Obama ont été ses invités avant d’avoir été élu au sommet en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Obama s’est rendu à sa réunion de Virginie (USA) en juin 2008, cinq mois avant sa victoire électorale, que le groupe avait prévue dès sa réunion de 2007. « Bien qu’ils agissent en tapinois, la presse arrive de temps à autre à sortir un nom. Parmi ceux qui sont allés à Sitges, on comptait les présidents de FIAT, de Coca Cola, de France-Telecom, de Telefónica de España, de Suez, de Siemens, de Shell, de Novartis et d’Airbus. « Il y avait aussi des gourous des finances et de l’économie, comme George Soros, le fameux spéculateur ; Paul Volcker et Larry Summers, conseillers économiques d’Obama ; George Osborne, le tout nouveau secrétaire britannique du Trésor ; Peter Shilton, ancien président de Goldman Sachs et de British Petroleum ; Robert Zoellic, président de la Banque mondiale ; Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI ; Pascal Lamy, directeur de l’Organisation mondiale du commerce ; Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne ; Philippe Maystad, président de la Banque européenne d’investissement. « Nos lecteurs le savaient-ils ? Un organe important des médias a-t-il dit un mot ? Est-ce donc ça la liberté de la presse dont on parle tant en Occident ? L’un d’eux peut-il nier que les plus puissants financiers du monde se réunissent systématiquement tous les ans, hormis l’année susmentionnée ? « Le pouvoir militaire a envoyé certains de ses faucons : Donald Rumsfeld, l’ancien secrétaire à la Défense de Bush ; Paul Wolfowitz, son subalterne ; Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN ; et Jaap de Hoop Scheffer, son prédécesseur. « Le magnat de l’ère numérique, Bill Gates, a été le seul à dire quelque chose à la presse avant la rencontre : "Je serai présent. Il y aura beaucoup de débats financiers sur la table". « Les spéculateurs de nouvelles disent que le pouvoir dans l’ombre a analysé l’avenir de l’euro et les stratégies pour le sauver, la situation de l’économie européenne et l’orientation de la crise. Le groupe tient à prolonger la vie du malade à l’aide de la religion du marché et de coupes sombres dans le social. “ Cayo Lara, le coordonnateur de Gauche unie, a défini clairement le monde que nous imposent les Bildeberg : "Le monde à l’envers : les démocraties soumises au contrôle, à la tutelle et aux pressions des dictatures des pouvoirs financiers". « Le plus périlleux, comme l’a révélé le journal espagnol Público, c’est le consensus du Groupe en faveur d’une attaque des USA contre l’Iran. […] Se rappeler que ses membres connaissaient la date exacte de l’invasion de l’Iraq en 2003 dix mois à l’avance. » Est-ce là une idée saugrenue, quand on réunit toutes les preuves que j’ai exposées dans mes dernières Réflexions ? Les hautes sphères de l’Empire ont d’ores et déjà décidé de la guerre contre l’Iran, et seul un effort extraordinaire de l’opinion publique mondiale pourra l’empêcher d’éclater sous peu. Qui cache la vérité ? Qui dupe ? Qui ment ? Peut-on démentir quoi que ce soit de ce que je dis ici ? Fidel Castro Ruz Le 15 août 2010

QUELLE CRUAUTE! QUELLE HYPOCRISIE!

QUELLE CRUAUTE ! QUELLE HYPOCRISIE ! JOEL LEON Elle s’appelait Kennedy Rose (…) Rose, Rose, dis moi la cause Il a du se passer quelque chose Patricia Kaas Après avoir été kidnappé en 1989 dans son pays même par l’armée américaine,le Panama, déporté et emprisonné pendant 20 ans, les Etats-Unis, cette semaine, ont fait une passe courte à la France pour qu’elle soit punie aussi par les Gaulois aux yeux bleus. A Paris, il a écopé 7 ans de prison avec possibilité de mise en liberté conditionnelle au bout d’un an. Cependant, il n’est pas le premier à être victime de la justice punitive des dits civilisés. « Les empires n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Ces mots traduisent une réalité politique, stratégique et militaire qui a toujours marque le mode opérationnel des empires. De la pax Romana, en passant par la Britannica pour arriver à l’Americana, la cruauté et l’hypocrisie sont toujours les motrices d’action pour défendre les intérêts interétatiques ou intra-étatiques. Pas de respect pour leurs propres chefs. Le 22 novembre 1963, à Dallas, la capitale de l’état de Texas, John F. Kennedy, le 35eme président des Etats-Unis fut assassiné. La fameuse « commission Warren », créée pour enquêter sur l’exécution publique du chef d’état, est parvenue après dix mois, a ce que tout le monde savait déjà, Lee Oswald fut l’unique homme a avoir tué le président. Entretemps, on imposa à l’opinion publique américaine et mondiale un interdît de 75 ans afin de pouvoir consulter les documents relatifs à l’enquête. Kennedy voulait mettre fin a la guerre du Vietnam en réduisant l’influence de la CIA, se rapprocher de l’Union Soviétique après la crise des missiles, promouvoir le dialogue des peuples. Il symbolisait le changement, limité certes, mais révolutionnaire pour un dirigeant impérial. Il était devenu gênant pour le système. Cet acte crapuleux contre un chef d’état en exercice marque un tournant spectaculaire dans la vie politique américaine et mondiale, ouvrant sur ce que Dwight Eisenhower, ancien président des États-Unis, avait mis en garde contre, soit le danger du complexe militaro-industriel. Il était déjà trop tard, parce que le nouvel ordre était déjà en action et faisait sa première grande victime. Depuis, il n’y a plus de limites, les « black OPS » sont autorisées à défendre les intérêts des riches a l’intérieur des états qui les ont créées, originalement aux fins de le protéger. L’état est sacrifié au profit d’un petit groupe de nantis. Les mêmes pratiques qui faisaient rage dans le tiers-monde, notamment en Iran contre Mossadegh, a Cuba contre Fidel Castro, Indonésie contre Diem, Guatemala contre Jacobo Abenz, Chili contre Salvador Allende, Saint-Domingue contre Juan Bosch, Irak contre Saddam Hussein, plus près de nous Haïti, contre Jean B. Aristide. Les pays occidentaux eux-mêmes ne sont pas à l’ abri en cas d’actes politiques en faveur de leurs propres peuples, mais contradictoires aux grands intérêts, aujourd’hui, du grand capital financier international. Kennedy fut le premier d’une longue série. Les bellicistes « warmongers » croient s’il n’y a pas de guerre, il n’y a pas d’argent. La guerre est le principe de base de toutes sociétés avancées, elle est la logique des riches qui se vantent d’avoir sauvé l’Amérique contre une virtuelle récession avec la prise en main du système par le complexe militaro-industriel. Au nom de ce principe, ils ont fait disparaitre plus d’une génération de latino-américains. L’Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay…tous ces pays ont paye une dette lourde en termes de vies humaines avec dans l’intérêt de la pratique dite de « sécurité nationale » ou caudillisme. Si aux Etats-Unis, ils se servent de la mafia et autres groupes hétéroclites, a l’étranger ils hissent au pouvoir leurs hommes de main entièrement dévoués a leurs causes. Je peux citer, Augusto Pinochet au Chili, Rafael Videla en Argentine, Manuel Antonio Noriega du Panama, Saddam Hussein d’Irak… Fabrication de monstres humains Saddam Hussein, arrivé au pouvoir en 1968, avec le parti BAAS allait s’imposer comme homme fort pendant des décennies en exécutant bestialement des milliers de communistes sur la demande express des maitres de la centrale intelligence américaine. D’après Ali Saleh Sa’di, secrétaire général du parti BAAS de l’époque du coup « nous sommes arrives au pouvoir par l’intermédiaire de la CIA ». Il confirme ce que beaucoup pensent depuis longtemps. Le département d’état américain, écœuré par le revirement du premier ministre Irakien, Abdl al-Karim Qasim, vers les Russes et son retrait du pacte anty soviétique, avait signé son arrêt de mort. L’ordre de le liquider fut donne, Saddam Hussein, très jeune, à peine dans ses vingtaine, fut charge de commettre l’acte. Ainsi est connu le recrutement de l’homme qui allait devenir le cauchemar de l’Amérique. Apres le terrible attentat du 11 septembre 2001, les néoconservateurs en quête de guerre pour repousser le spectre de la récession, allait s’enliser dans la plus grande usure que l’humanité ait jamais connue. Sous des vocables humanitaires et démocratiques, ils envahissent l’Irak. Des citoyens peu habitues aux manœuvres déloyales de l’occident, se laissèrent berner par le caractère dictatorial du régime de Saddam pour appuyer l’invasion. 7 ans après, la raison mercantile de la guerre apparut au grand jour lorsque le gouvernement débuta par un décret autorisant la liquidation du patrimoine national Irakien en entamant la privatisation à outrance. L’objectif de la guerre devenait finalement clair pour les esprits moins avertis. Les multinationales affluèrent pour récolter les dividendes de l’invasion et occupation de l’Irak. Dans les années 60, c’était le temps du complexe militaro-industriel, 50 ans après, quoique toujours présent a travers Black WATER and HALLIBURTON, la prépondérance est accordée aux multinationales. Donc, Saddam, le produit de l’agence intelligence américaine, devenu bête noire devait être éliminé. La cruauté des anciens maitres de Saddam est implacable, ils veulent sa peau et ils l’eurent un beau matin de 13 décembre 2003. D’après Alfred Mendez, dans son livre « Blood for oïl », 5000 communistes ont été liquides sous les ordres directs de Saddam Hussein durant son passage a la tête de l’intelligence du parti BAAS, sur la recommandation et applaudissements des agents de la CIA. Quoiqu’il fut un pion dans les mains des bellicistes « warmongers » de Washington pendant longtemps, en assassinant et faisant disparaitre nombre de gens a leur demande, cela n’empêche pas qu’au jour du tourment, contre toute morale, Saddam fut liquidé comme un chien le 30 décembre 2006,apres tous les services rendus a l’empire. La domination en solo n’a rien modifié Apres la guerre-froide ou la fin du communisme, en termes de représentativité d’états, les naïfs rêvaient de nouvelles perspectives opposées a la logique terrifiante de l’après deuxième guerre mondiale. Avec l’affaiblissement des régimes se réclamant du marxisme-léninisme, l’intérêt national des états victorieux devraient logiquement subir des transformations profondes puisque le danger imminent avait été écarté. C’était mal comprendre la logique existentielle d’un empire, dont la survie est alimentée par une logique autoritariste consistant à faire courber les autres, plus faibles ou belligérants. La paix est en totale contradiction avec l’existence de tout empire. Il faut des conflits militaires, quand il n’y en a pas, il faut les inventer. L’occident-chrétien est devenu plus féroce militairement et scandaleusement plus riche, financièrement parlant, tandis que les pays pauvres s’enlisent dans la pauvreté et conflits martiaux. Ils continuent leurs « chevauchées sauvages » en incitant les habitants de la terre aux armes, donc leurs intérêts nationaux de jadis restent les mêmes. C'est-à-dire : 1-Suprématie militaire reste et demeure la priorité numéro 1 de tout empire ou prétendant à devenir un empire. 2-Profiter de la globalisation pour diffuser toutes sortes de ragots culturels et racistes aux peuples de la périphérie à travers les trop puissantes media. 3-Combattre les régimes juges trop forts ou indépendants. Il faut assujettir les peuples du tiers-monde à avaler toutes sortes de pilules contradictoires à leurs intérêts de peuple. 4-Libre-échangisme, comme model économique néocolonial est essentiel celles qu’a connues toute l’Europe jusqu'à la moitie du 20e siècle. 5-L’importance de préserver un climat de détente entre les états cupides de l’occident est fondamental. Ils ne veulent plus d’autres guerres fratricides, celles qu’a connues toute l’Europe jusqu’au milieu du 20e siècle. 6-Maintenir un climat de coopération avec les états en possession du nucléaire, ne faisant pas encore partie de la ligue des grands, tels que : Russie, Inde, Pakistan et Chine. L’engagement citoyen, notre seul salut Ces observations constituent l’essentiel de l’intérêt national de l’occident de l’après guerre-froide. Donc, pas de place pour l’harmonie entre les peuples, l’autodétermination des peuples, fin à la course aux armements. Rien n’a change, les assassinats politiques vont se poursuivre, le mensonge restera l’arme persuasive avant les incursions militaires etc. L’autre monde que nous rêvons tous est loin de naitre. Pour y arriver if faut un engagement citoyen réunissant les artisans de ce nouveau monde à travers la planète. On continuera à assassiner quotidiennement les Kennedy (John and Bobby), on recrutera de nouveaux Saddam et Noriega pour s’en débarrasser après comme des chiens, on créera encore de nouveaux monstres pour indéfiniment réprimer sauvagement les peuples. La redéfinition des systèmes politiques, économiques et culturels dépend de tous les citoyens du monde conscients de la terreur que les riches imposent aux affaiblis. JOEL LEON

HAITI: L'AGENDA MAFIEUX DE L'INTERNATIONAL

L’AGENDA MAFIEUX DE L’INTERNATIONAL JOEL LEON « L’occident mentait à l’homme noir, à l’homme jaune et a l’homme blanc. Il mentait au moins depuis quatre siècles a tous les colonisés de la terre » René Depestre (Alléluia pour une femme jardin) La communauté internationale a beaucoup d’agendas pour Haïti. Elle veut un état stable à la manière de la république Dominicaine ou les mouvements sociaux subissent les « lois du sacrifice pragmatique » imposées par les investisseurs étrangers. Il faut des élections pour assurer l’alternance politique sans violence, faire d’Haïti une extension touristique de la république Dominicaine, maintenir dans une cage le peuple revendicatif d’Haïti en l’arrosant de jobs dans les hôtels et restaurants, s’approprier silencieusement de la souveraineté nationale et envahir le pays d’homosexuels et lesbiennes pour satisfaire les désirs des riches pervertis. René Préval, par l’intermédiaire de ses conseillers canadiens, le connait très bien, l’agenda international, il s’impose comme le seul garant de cette stabilité. Les blancs le crurent jusqu'à ce que des manifestations nationales éclatent dans le pays réclamant sa démission. L’image qu’il s’était projetée de lui s’évapore a grande vitesse qui pousse les blancs à interroger ses multiples promesses. L’agenda international dépend en grande partie de la capacité des dirigeants à pacifier les masses populaires. Le prochain président d’Haïti sera un homme fort pour ne pas dire un « san manman » capable de rééditer le massacre de René Préval a cite soleil au mois de décembre 2008. QUELLE STABILITE ! L’international veut que des technocrates s’investissent du pouvoir en Haïti en vue de renforcer une classe moyenne haïtienne sans vocation et moribonde. L’administration publique, doit être dirigée par des cadres ayant étudié dans les grandes capitales occidentales. D’après cette Policy, c’est le seul moyen de stabiliser le pays en invitant plus de bouches autour de la table. Le problème c’est qu’a chaque coup d’état, traditionnellement conceptualisé et financé par la CIA, des cadres sont contraints à l’exil volontaire ou involontaire afin d’échapper a la chasse aux sorciers déclarée par le gouvernement issu du coup. Ainsi bon nombre de professionnels haïtiens quittent le pays, se refugiant sous d’autres cieux plus cléments que celui d’Haïti transformé en cauchemar par les puissances occidentales. L’exode de la classe moyenne est la conséquence de la politique de terre brulée pratiquée contre les masses revendicatives haïtiennes qui crée cette instabilité chronique. Les masses ne font pas partie de cet agenda cynique de renforcement de la classe moyenne ; on s’en fout pas mal, qu’elles crèvent ! Le seul problème c’est comment parachuter les technocrates au pouvoir pour s’assurer d’une certaine « stabilité ». L’expérience de Gérard Latortue a la primature après le coup du 29 février fut un projet pilote pour conditionner l’avenir. Son échec patent a mis cette tendance en détresse, car l’un des problèmes avec les technocrates en exercice, dans le tiers-monde et les pays de l’ancien bloc de l’est, c’est qu’ils ne pensent pas, ils mettent en pratique des recettes comme des robots, très souvent mal apprises et inadaptées. En guise d’amélioration, très souvent les technocrates conduisent les pays à des catastrophes économiques obligeant les dirigeants à faire marche-arrière sur les cadres indigènes. Gérard Latortue, s’est envolé sans pouvoir assister à la passation des responsabilités étatiques au nouveau locataire de la primature, parce que sa tête a été mise à prix dans les milieux populaires. Malgré tout, les technocrates venus de l’étranger sont indispensables aux élections à venir. Le suffrage universel, c'est-à-dire les élections, que l’occident promote à coup d’argent et de manipulations depuis plus de 50 ans, ne s’affirme pas toujours comme un outil déterminant et fiable a leur cause. Le cas d’Haïti du 16 décembre 1990, s’impose comme un échantillon incontournable de la fragilité du suffrage universel. Jean B. Aristide, le candidat des pauvres a fait une razzia au cours de ces élections, au prime a bord destinées a Marc Bazin. La participation massive des pauvres dans ces joutes à porter les « Policy makers » à revoir totalement leurs copies et recourir a la méthode sauvage de coup d’état pour se défaire du défi des masses. Cette arrogance des pauvres a été punie par plus de 5000 morts pendant 3 ans, naturellement, non sans résistance. Aujourd’hui, les transfuges ne seront pas admis, il faut des valets authentiques à la première magistrature de l’état. Donc, les élections ne seront que des formalités ! QUELLES ELECTIONS ! Comme je l’avais déjà ecrit dans « Haïti : eleksyon pike kole », les élections prévues pour je ne sais quand, seront une farce. Maintenant, il importe de comprendre pourquoi sont elles si colorisées avec ces multitudes de candidats folkloriques. Il ne faut jamais s’illusionner sur la capacité de l’occident a faire triompher sa cause, il le fait avec succès depuis plus de 2000 ans. Wyclef Jean et les autres sont là pour exciter de l’intérêt à la mascarade, parce que le peuple a d’autres chats à fouetter qui sont beaucoup plus fondamentaux que la comédie des « amis d’Haïti ». Pour cela, tous les moyens sont bons, y compris transformer le processus en un carnaval des fleurs animé par des musiciens en mal de pouvoir. Cependant, il ne faut pas négliger les technocrates qui sont aussi dans la course. Tout d’abord, déblayons le terrain ! Les occupants ne font pas confiance aux politiciens locaux. Sur le plan international, on a toujours eu ce problème avec Haïti, les impondérables sont trop courants dans notre histoire et déraillent souvent les calculs des plus grands stratèges du département d’état et des autres sphères d’intérêts politiques. Drôle de pays, drôle de peuple ! Au département d’état on n’est pas optimiste a propos de la mission confiée à Bill Clinton en Haïti. S’il est vrai que Bill n’est pas étranger à la politique haïtienne, néanmoins ses limites sont patentes en termes de mettre ensemble une grande frange de la classe politique au profit d’un candidat. La mission de celui-ci est sous haute surveillance parce que tous les paramètres ne sont pas maitrisés. Il y a une certaine affinité typiquement haïtienne que les étrangers n’arrivent toujours pas à comprendre dans le pays, le jeu des alliances. Dans ce sens, ils n’arrivent pas a trouver une formule capable de cimenter autour de leurs hommes appropriés une alliance durable parce que chaque haut fonctionnaire rêve de devenir chef d’état un jour. Les ennemis d’aujourd’hui peuvent conclure des alliances inimaginables en moins de 24 heures. Ajouter a cela que dans les réunions internationales, l’haïtien dit toujours oui, pour se renier plus tard sans aucune gêne ou aucune explication plausible. L’exemple le plus condescendant à ce niveau est le cas d’Aristide. Apres avoir passe 3 ans en exil aux Etats-Unis, on croyait l’avoir pris au piège. Or, après son retour, en quelques jours, une remise en question de tout un ensemble de décisions ou promesses étaient déjà en branle à l’intérieur d’un plan de rectification. Les Clinton ne pardonneront jamais ce spectaculaire revirement à Aristide. Donc, la réalité politique haïtienne reste toujours mouvante avec des politiciens qui sont maitres dans l’art du jeu de dilatoire, qu’ils soient de droite ou de gauche. A partir de cette lecture, rien n’est totalement joué à l’ avance dans ce pays. Cependant, il faut que coute que coute les hommes du département d’état soient au pouvoir pour s’assurer du succès de l’agenda décrit plus haut, dont des parlementaires dociles a la cause. D’AUTRES ENJEUX ELECTORAUX Depuis le départ forcé de Jean B. Aristide pour l’exil, le 29 février 2004, plusieurs dizaines d’accords internationaux sont signés par Gérard Latortue et René Préval. L’exécutif pose ses actes très souvent en dehors du droit de contrôle du parlement haïtien. Des dizaines d’autres attendent le nouveau parlement, donc les élections législatives sont plus importantes que jamais pour le pays. Tous ces accords sont liés avec les gisements de toutes sortes que le pays possède dans son sous-sol. Déjà des compagnies sont sur le terrain exploitant de l’or, sans que le bureau des mines puisse produire des explications à ce sujet. Il suffit de jeter un coup d’œil dans le « livre blanc » de Fanmi lavalas pour se faire une idée des richesses minérales que le pays a en réserve. Des rumeurs persistantes courent les milieux diplomatiques Haïtiens et les couloirs des Nations-Unies sur la forte probabilité qu’Haïti s’étende sur une réserve pétrolifère comparable à celle de l’Arabie Saoudite. Au Canada, le premier ministre Jean Max Bellerive, avait admis que le pétrole est bel et bien existé en Haïti. Sans compter, au bureau des mines, les demandes exploratoires des 4 plus grandes compagnies mondiales dans ce domaine. Donc, un parlement « koupyon » est nécessaire pour ratifier les accords antinationaux et promulguer des lois tributaires a la nation. Le combat pour la conquête du pouvoir exécutif se fait sous les éclats des media, mais l’autre lutte pour le contrôle du législatif se fait sans les regards du public qui, est beaucoup plus fondamentale encore pour le futur du peuple haïtien. Le parti de René Préval, INITE, le comprend absolument bien et s’investit à fond pour s’octroyer une majorité absolue au sein du nouveau parlement. « LOIS DU SACRIFICE PRAGMATIQUE » « Lois du sacrifice pragmatique » est une approche consistant à négocier avec les gouvernements des pays de la périphérie des termes invisibles, ne figurant nulle part, que les autorités du travail doivent fourrer dans la gorge des syndicalistes jaunes. Sous formes de « renforcement institutionnel et démocratique », des organisations comme l’IRI, MDI, Open Society, National endowment for democracy etc. sont la pour maitriser les organisations sociales et populaires. Les voyages à l’étranger dans des conférences ou séminaires sur le travail sont très courant, ce qui crée un sentiment de supériorité chez les dirigeants syndicaux par rapport aux masses salariales. Tout ceci dans l’objectif de créer un climat stable favorable aux investissements étrangers, d’après ce qu’on dit, indispensable a la croissance économique et création d’emplois. Pour eux, stabilité est synonyme d’obéissance aveugle, voir même d’abandon des droits revendicatifs des travailleurs de lutter pour améliorer leurs conditions de travail et de vie. En fait, ils d’une société civile haïtienne docile. L’agenda en cours n’est pas national, d’où la nécessite de le combattre du bec et des ongles JOEL LEON

HAITI: ELEKSYON PIKE KOLE

HAITI : ELEKSYON PIKE KOLE JOEL LEON « À quoi servirait la politique, si l’on ne pouvait gagner par des voies obliques le but qui ne peut s’atteindre par la ligne droite. » (Dialogue aux enfers-Machiaveli Nicolo) Dernièrement, je lisais un livre ayant pour titre : « Battles that changed history », sous-titré : « key Battles that decided the fate of nations ». C’est une compilation de guerres, qui eurent lieu de 1457 BC en Egypte, jusqu’a l’invasion d’Irak en 2003. Ces batailles, d’après les auteurs-historiens, avaient décidé le sort de tout un peuple ou d’une nation. A ma grande stupéfaction, le « combat de vertieres » n’a pas été retenu. Le seul qui a été non seulement déterminant pour la création de l’état d’Haïti et de son peuple mais, qui a mis fin a l’esclavage et en balayant en un tour de main sa base idéologique qu’est le racisme. J’ai envoyé un email à l’éditeur pour m’enquérir d’informations sur l’absence du combat de vertieres parmi les grandes guerres. On m’a répondu que ce combat n’est enregistre d’aucune part, de ce fait il est nul et négligeable. On comprend maintenant le comportement des pays et personnalités qui se disent « amis d’Haïti » ou qui défilent a la télévision avec des titres ronflants d’experts en affaires haïtiennes, et qui cependant qui ignorent tout de notre histoire nationale. Pourtant, ils décident du pouvoir politique. Je parlais a un ami qui est dans le secret des dieux, il m’a appris qu’au département d’état, des qu’on parle d’Haïti, le sujet est devenu personnel. C’est le dossier intime d’Hillary et de Bill Clinton. Certains prétendants se plaignent, du fait que cette réalité leur est défavorable, les Clinton ont fait une main basse sur le dossier haïtien et déterminé à parachuter l’un de leurs poulains au pouvoir en Haïti, et ils ont plusieurs valets. Décidément, Ils ne s’appellent pas ni Ray Joseph ni Jacques Edouard Alexis, ces messiers protestent avec force le fait que les yeux des Clinton convoitent d’autres têtes. Le cas de l’ambassadeur haïtien a Washington est typique, il a des ramifications très profondes au sein de l’administration d’Obama, au sénat et a la chambre des députés américains, considérant le fait qu’ils travaillent pour eux depuis de longues années, mais ses acquintances ne sont pas asse puissantes pour le placer au pouvoir, car le dossier haïtien est avant tout clintonien. Donc, les élections prévues en Haïti ne sont rien d’autres qu’une comédie. Tous les candidats sont des farceurs mélangés a des clowns. Par exemple, le dernier premier ministre d’Aristide, Yvon Neptune, se présente comme candidat a la présidence juste pour crédibiliser le scrutin, vu les menaces des clowns de l’ « opposition » pour boycotter les joutes électorales. Il a conclu un accord avec René Préval, consistant à lui attribuer un portefeuille ministériel pour son équipe au prochain gouvernement qui sera certainement « Inite-Clinton ». En Haïti, nous avons une triste histoire du genre à compromettre son intégrité morale et politique pour des miettes de pouvoir. François Duvalier avait conclu des deal avec des personnalités da la gauche des années 60 dont Edouard Berrouet et d’anciens fignolistes qui avaient accepte d’intégrer le pouvoir pour des fonctions publiques. Voila l’ambiance qui entoure les élections, d’un cote il y a les Clinton qui entendent contrôler le processus électoral, il y a des candidats proches de l’« American establishment » qui disputent chaque pouce de pouvoir. A partir de ce constat, le peuple haïtien n’a absolument rien à voir dans l’organisation de cette mascarade, qu’il s’abstienne de toute participation, parce que ces élections ne sont pas une priorité ni urgence pour transformer leurs conditions précaires d’existence. Les élections, priorité ou urgences La réponse est catégoriquement, non. Les raisons sont multiples, l’atmosphère générale n’est pas propice a des élections, il y a des préoccupations qui sont plus fondamentales. La réalité de l’après séisme qui a dévasté le pays est catastrophique, plus de 1.5 millions sont en situation totale de sinistrés. Ceux qui dorment à la belle étoile dans les capitales et autres zones envoisinantes sont extrêmement nombreux pour qu’on les délaisse au profit d’un exercice électoral, par-dessus tout non-crédible. Les élections ne sont ni urgentes, ni prioritaires. La construction d’habitats décents, la distribution de produits ménagers et alimentaires, la protection des enfants et des femmes enceintes face aux prédateurs de tout genre, la sécurité des déplacés, les conditions sanitaires…représentent les urgences et priorités. L’homme, dans ce carrefour spécial devrait être la priorité dans le pays, particulièrement à la capitale, non des façades électorales. Pendant toute l’histoire d’Haïti, l’homme n’a jamais été au centre des préoccupations d’aucun gouvernement, ce serait idéal si on décrétait une « saison pour les hommes » en ces temps de grandes privations. Ils le méritent bien ! La reconstruction concrète devrait être le slogan national et international. Tous les états ayant fait des promesses d’aide massive de l’ordre de plus de dix milliards de dollars devraient conjuguer un seul verbe : reconstruire. Le gouvernement haïtien à son tour devrait agir pour faciliter le débarquement de l’aide humanitaire venant du monde entier. Tenir un canal permanent de relations publiques pour tenir Haïti vivant dans les grands media du monde, et dans la diaspora haïtienne de partout. En commençant par alléger les lois de fonctionnement des douanes, des aéroports et de la frontière ; une façon d’encourager la solidarité internationale, particulièrement les haïtiens vivant a l’étranger. A cote de cette reconstruction physique, financière et logistique, il y a aussi l’aspect moral du peuple. Apres une si grave catastrophe qui a changée la société haïtienne irréversiblement, il faut un apport psychologique pour faciliter cette longue transition. Le peuple est mentalement malade, il a besoin d’un discours régénérateur pour pouvoir recommencer encore à rêver. Cette partie est réservée exclusivement aux dirigeants haïtiens, détenteurs du pouvoir politique, appuyé par la société civile nationale et progressiste. Ce n’est pas le cas, parce que le gouvernement haïtien n’existe pas. Un gouvernement national digne de confiance obtiendrait un mandat populaire et national par plébiscite pour un autre quinquennat. Le parlement haïtien jouerait le rôle légaliste, le peuple haïtien dans son écrasante majorité légitimerait une décision pareille. La communauté internationale croit dans la forme. La persistance dans l’organisation des élections est absurde et ne représente pas vraiment une consolidation des institutions « démocratiques » puisqu’elles ne sont pas démocratiques. L’exclusion du parti majoritaire du processus électoral, Fanmi lavalas, est l’exemple flagrant de son caractère « bidon ». Le projet de René Préval avant le séisme se poursuit, il veut confisquer tout le pouvoir, ceci avec l’appui des professeurs de la démocratie. Toutes les conditions se réunissent pour qu’il réussisse, la classe politique est toujours malade du spectre aristidien, la société civile est noyautée par le pouvoir a partir de la distribution de faveurs de toutes sortes, le mouvement populaire ne se relève pas encore totalement de la torpeur du 29 février 2004, absence de leadership solide et d’organisation politique mobilisatrice…Le président a le vent en pourpre. Il connait bien le rapport de force sur le terrain, il fonce sans regarder en arrière. Preval, un triste tacticien Au cours de la campagne présidentielle quasi muette de René Préval en 2005-2006, il n’avait fait de promesses à personne. A la question sur l’exil de l’ancien président, Jean B. Aristide, il s’est cache derrière la constitution pour répondre, à savoir que l’exil est inconstitutionnel. Une tactique duvaliériste qui lui permet d’illusionner le secteur populaire en acquiesçant leur vote massivement au cours des élections. Sous cette rubrique de retour d’Aristide, il a pris langue avec certains dirigeants de base de la mouvance lavalas, dont Monpremier, Jean-Marie Samedi (étrangement disparu) et Yvon du bel-air. Il a tenu en coulisses l’espoir de mettre fin à l’exil du président, mais tout en jouant la carte de l’américain comme si le département d’état est totalement hostile à une initiative pareille, cependant il négocie à ce propos. Au sommet du parti d’Aristide, il a fait des avances à SO Anne qui va lui livrer Yvon Neptune plus tard, il collabore avec Lesly Voltaire et Joseph Cantave, ce dernier lui a même présenté l’actuel premier ministre, Jean-max Bellerive, pour représenter Lavalas au sein du gouvernement… Il a exécuté le même scenario avec les acteurs gnbistes, il a distribue des miettes de pouvoir aux plus entêtés afin de calmer certains appétits politiques, mais aux élections il les écarte. La petite amie d’Evans Paul fut admise au ministère du commerce, Paul Denis fut le conseiller principal du président, qui a son tour recrutait des membres de son parti initial, OPL, dont le fils de Gérard Pierre-Charles, leaders historique de l’organisation. Chavannes Jeune fut représenté au gouvernement, en même temps il avait eu un petit démêlé commercial au palais, en gros chacun a eu un os a sucer .Quant au parti du défunt Renaud Bernardin, PLB, il l’a tout simplement soudoyé a travers Marie Laurence Lasègue et François Pierre-louis, respectivement comme ministre a la condition féminine et cadre supérieur a la primature. René Préval a de l’allégeance pour deux acteurs, l’international et le secteur des affaires haïtien. Il a pris le pouvoir avec eux, dirige dans le sens de leurs intérêts et entend tenir cap indéfiniment. Le mauvais calcul de l’opposition L’année dernière, quand le CEP avait écarté Fanmi lavalas du processus, les autres partis politiques accueillaient favorablement cette décision, maintenant ils sont entrain de subir le même sort. Les élections du 19 avril et 21 juin donnent une idée de ce qui va se passer prochainement, sur les 11 sièges de sénateurs, le parti présidentiel avait remporté 6, les 5 autres sièges étaient distribués de façon disperser aux autres partis politiques. En minorité au sénat, ils sont marginalises, le même scenario se répètera aux prochaines élections, les partis recevront encore des miettes. Un ancien ministre de Préval, maitre Camille Leblanc, a fait des révélations spectaculaires la semaine dernière sur le coup d’état électoral que prépare le président pour conserver le pouvoir. D’après Mr Leblanc, au cours d’une réunion avec les hommes d’affaires haïtiens, le président aurait dévoilé son plan dont l’objectif était de rassurer ceux-là un peu sceptique sur le futur de leurs intérêts. Le parti « Inite-Clinton » remportera 80% des sièges au niveau du sénat et de la chambre des députés, il retournera au pouvoir, cette fois-ci comme premier ministre à la manière de Vladimir Putin. La seule différence c’est que Putin est populaire dans son pays a partir des résultats concrets qu’il a à son actif. Mais Préval, lui, veut garder le pouvoir pour le pouvoir. Le coup d’avant du séisme se poursuit. L’amendement illégal de la constitution, la prolongation de son mandat, le vote de la loi d’urgence accordant plein pouvoir…sont autant d’éléments explicitant la volonté du président de remettre le pouvoir à un docile dauphin. Que faire Mobilisation nationale contre l’occupation du pays, d’un seul coup tout l’établissement politique s’écroulera. René Préval est un produit de l’occupation, le départ des blancs est fondamental pour qu’on arrive a des élections démocratiques dans le pays comme ce fut le cas en 1990. Il n’y a pas d’autres formes de procès, le pouvoir actuel ne garantit absolument rien, pas de compromis possible parce que le pouvoir actuel n’a aucune base morale. Toute politique électoraliste est un acte de trahison envers la nation, c’est aussi consacrer la perte de la souveraineté nationale et s’associer aux vendeurs de patrie. Il n’ya pas de demi-mesures, car « les questions mal résolues sont sans pitié pour le repos des peuples ». JOEL LEON