Sunday, May 29, 2011

LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LYBIE A KADAFI


Les vraies raisons de la guerre en Libye à Kadhafi, par Jean Paul Pougala

Le 07 avril 2011 par IvoireBusiness -
Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse
A- Les vraies raisons de la guerre en Lybie
1-Premier satellite Africain RASCOM 1
C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première vraie révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une connexion à bas coût devient disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio WMAX.
L’histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la société RASCOM pour disposer d’un satellite africain et faire chuter les coûts de communication sur le continent. Téléphoner de et vers l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde, parce qu’il y avait un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par an sur les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat. Un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l’Union Européenne ont fait miroiter inutilement ces pays pendant 14 ans.
C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux pratiquant des prêts à un taux usuraire; le guide Libyen a ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, La Banque Africaine de Développement a mis 50 millions, la Banque Ouest Africaine de Développement, 27 millions et c’est ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de nouveaux satellites, Sud-Africain, Nigérian, Angolais, Algérien et même un deuxième satellite africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi.
Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais les milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique.
2. Fond Monétaire Africain, Banque Centrale Africaine, Banque Africaine des Investissements
Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque Centrale Libyenne et prévu pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phare :
- la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye,
- la création dès ce 2011 du Fond Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège,
- la Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris a la main mise sur certains pays africains depuis 50 ans.
On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fond Monétaire Africain doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol africain du Fond Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un monopole publique vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappés à la porte pour être eux aussi membres du Fond Monétaire africain et c’est à l’unanimité que le 16-17 décembre 2010 à Yaoundé les Africains ont repoussé cette convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce FMA.
Il est donc évident qu’après la Libye la coalition occidentale déclarera sa prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses ressources énergétiques énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d’Euros. Ce qui devient la convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les USA à eux seuls ont 14.000 Milliards de dollars de dettes, La France, la Grande Bretagne et l’Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors que les 46 pays d’Afrique Noire ont au total moins de 400 milliards de dollars de dettes publiques. Créer des fausses guerres en Afrique dans l’espoir de trouver de l’oxygène pour continuer leur apnée économique qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les Occidentaux dans leur déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste Américain Adams Smith en 1865, dans son soutient à Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage, «l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres nations vont se réveiller »
3- Unions régionales comme frein à la création des Etats Unis d'Afrique
Pour déstabiliser et détruire l’union Africaine qui va dangereusement (pour l’Occident) vers les Etats-Unis d’Afrique avec la main de maître de Kadhafi, l’Union Européenne a d’abord tenté sans y parvenir la carte de la création de l’UPM (Union Pour la Méditerranée) Il fallait à tout prix couper l’Afrique du Nord du reste de l’Afrique en mettant en avant les mêmes thèses racistes du 18-19ème siècle selon lesquelles les populations africaines d’origine Arabes seraient plus évoluées, plus civilisées que le reste du continent. Cela a échoué parce que Kadhafi a refusé d’y aller. Il a compris très vite le jeu à partir du moment où on parlait de la Méditerranée en associant quelques pays africains sans en informer l’Union Africaine, mais en y invitant tous les 27 pays de l’Union Européenne.
L’UPM sans le principal moteur de la fédération africaine était foirée avant même de commencer, un mort-né avec Sarkozy comme Président et Mubarack, le vice-président. Ce que Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la chute de Kadhafi, bien sur. Ce que les dirigeants Africains ne comprennent pas est que tant que ce sera l’Union Européennes à financer l’Union Africaine, on sera toujours au point de départ, car dans ces conditions, il n’y aura pas d’effective indépendance. C’est dans le même sens que l’Union Européenne a encouragé et financé les regroupements régionaux en Afrique. Il était évident que la CEDEAO qui a une Ambassade à Bruxelles et qui tire l’essentiel de son financement de l’UE, est un obstacle majeur contre la fédération africaine. C’est ce que Lincoln avait combattu dans la guerre de sécession aux Etats-Unis, parce qu’à partir du moment où un groupe de pays se retrouvent autour d’une organisation politique régionale, cela ne peut que fragiliser l’organe central. C’est ce que l’Europe voulait et c’est ce que les Africains n’ont pas compris en créant coup sur coup, la COMESA, l’UDEAC, la SADC et le Grand Maghreb qui n’a jamais fonctionné encore une fois grâce à Kadhafi qui lui l’avait très bien compris.
4-Kadhafi, l'Africain qui a permis de laver l'humiliation de l'Apartheid
Kadhafi est dans le coeur de presque tous les Africains comme un homme très généreux et humaniste pour son soutien désintéressé a la bataille contre le régime raciste d’Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme égoïste, rien ne l’obligeait à attirer sur lui les foudres des occidentaux pour soutenir financièrement et militairement l’ANC dans sa bataille contre l’apartheid.
C’est pour cela que à peine libéré de ses 27 ans de prisons, Mandela décide d’aller rompre l’embargo des Nations Unis contre la Libye le 23 Octobre 1997. A cause de cet embargo même aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir en Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie ; arriver à Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour Ben Gardane, passer la frontière et remonter en 3 heures de route par le désert jusqu’à Tripoli. Ou alors, passer par Malte et faire la traversée de nuit, sur des bateaux mal entretenus jusqu’à la côte libyenne.
Un calvaire pour tout un peuple, juste pour punir un seul homme. Mandela décida de rompre cette injustice et répondant a l’ex Président Américain Bill Clinton, qui avait jugé cette visite «malvenue», il s’insurgea : «Aucun Etat ne peut s'arroger le rôle de gendarme du monde, et aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent faire ». il ajouta : « ceux-là qui hier étaient les amis de nos ennemis, ont aujourd’hui le toupet de me proposer de ne pas visiter mon frère Kadhafi, ils nous conseillent d’être ingrats et d’oublier nos amis d’hier ». En effet, pour l’Occident, les racistes d’Afrique du Sud étaient leurs frères qu’il fallait protéger. C’est pour cela que tous les membres de l’Anc étaient considérés des dangereux terroristes, y compris Nelson Mandela. Il faudra attendre le 2 Juillet 2008, pour que le Congrès Américain vote une loi pour rayer le nom de Nelson Mandela et de ses camarades de l’ANC de cette liste noire, pas parce qu’ils ont compris la bêtise d’une telle liste, mais parce qu’on voulait faire un geste pour les 90 ans de Nelson Mandela. Si les Occidentaux sont aujourd’hui repentis de leur soutient d’hier aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu’on lui donnent des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à celui qui a permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi ?
B- Ceux qui veulent exporter la démocratie sont ils des démocrates?
Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les USA, la France, la Grande Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter la démocratie en Libye ? Le 19 Mars 2003, le Président Georges Bush lance les bombes sur la tête des Iraquiens avec le prétexte d’y exporter la démocratie. Le 19 Mars 2011, c’est-à-dire 8 ans plus tard et jour pour jour, c’est le Président Français qui lance ses bombes sur la tête des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la démocratie. Monsieur Obama, Prix Nobel de la Paix 2009 et président des Etat Unis d’Amérique, pour justifier qu’il procède à un déferlement de missiles Cruise de ses sous-marins sur la tête des Libyens a dit que c’était pour chasser le dictateur Kadhafi du pouvoir et y instaurer la démocratie.
La question que tout être humain doté de la moindre capacité intellectuel de jugement et d’appréciation ne peut s’empêcher de se poser est : ces pays comme la France, l’Angleterre, les USA, l’Italie, la Norvège, le Danemark, la Pologne dont la légitimité pour aller bombarder les Libyens se base sur le seul fait de s’être autoproclamés « pays démocratiques » sont-ils réellement démocratiques ? Si oui, sont-ils plus démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans équivoque est NON, pour la simple et bonne raison que la démocratie n’existe pas. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais celui-là même dont la ville natale, Genève abrite l’essentiel du commandement des Nations Unies. Il s’agit bien entendu de Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme dans le chapitre IV du Livre III de son très célèbre « Contrat Social » que : « il n'a jamais existé de véritable démocratie, et il n'en existera jamais». Pour qu’un état soit véritablement démocratique Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles la Libye de Kadhafi est même de loin plus démocratique que les Etats-Unis d’Amérique, la France et tous les autres qui prétendent lui exporter la démocratie à savoir :
1- Dimension de l’Etat : plus un état est grand, moins il peut être démocratique, pour Rousseau l’Etat doit être très petit pour que le peuple soit facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut s’assurer que chacun connaisse tous les autres sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est un simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de l’organisation de l’Etat Libyen se fonde sur une base tribale qui regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le sentiment démocratique est plus présent dans une tribu, dans un village que dans une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se connaisse et que la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant, la réaction ou la contre-réaction des autres membres pour ou contre les opinions qu’on peut avoir. Sous cet angle, c’est la Lybie qui répond le mieux aux exigences de Rousseau, ce qu’on ne peut pas dire de même pour les Etats-Unis d’Amérique, la France ou la Grande Bretagne, des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins ne se disent même pas bonjour et donc ne se connaissent pas, même vivant cote-à-cote pendant 20 ans.
Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote » qu’on a malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est inutile à partir du moment où je m’exprime sur l’avenir d’une nation sans en connaitre ses membres. On est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du vote des citoyens vivant à l’étranger. Se connaitre et se parler est la condition essentielle de la communication pour le débat démocratique qui précède toute élection.
2- Il faut la simplicité des mœurs et des comportements pour éviter que l’on passe l’essentiel du temps à parler de justice, de tribunal pour trouver des solutions aux multitudes querelles d’intérêts divers qu’une société trop complexe fait naitre naturellement. Les Occidentaux se dé finissement comme des pays civilisés, donc aux mœurs complexes et la Libye comme pays dit primitif, c’est-à-dire aux meurs simples. Sous cet angle, encore une fois, c’est la Libye qui répondrait mieux aux critères démocratiques de Rousseau que tous ceux qui prétendent lui donner des leçons de démocratie. Dans une société complexe, les trop nombreux conflits sont résolus par la loi du plus fort, puisque celui qui est riche évite la prison parce qu’il peut se permettre un meilleur avocat et surtout, orienter l’appareil répressif de l’état contre celui qui vole une banane dans un supermarché, plutôt que le délinquant financier qui fait crouler une banque. Dans une ville comme New York où 75% de la population est blanche, 80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils ne sont que 20% des personnes en prison.
3- L’égalité dans les rangs et dans les fortunes. Il suffit de voir le classement FORBES 2010 pour voir quels sont les noms des personnes les plus riches de chacun des pays qui jette la bombe sur la tête des Libyens et voir la différence avec le salaire le plus bas dans chacun des pays et faire de même pour la Libye pour comprendre qu’en matière de redistribution de la richesse du pays, c’est à la Libye d’exporter son savoir faire à ceux qui la combattent et non le contraire. Même sous cet angle, selon Rousseau, la Libye serait plus démocratique que ceux qui veulent pompeusement lui exporter la prétendue démocratie. Aux Etats-Unis 5% de la population possèdent 60% de la richesse nationale. C’est le pays le plus déséquilibré, le plus inégal du monde.
4- PAS DE LUXE. Pour Rousseau pour qu’il y ait la démocratie dans un pays, il ne faut pas qu’il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe rend nécessaire la richesse et cette dernière devient la vertu, l’objectif à atteindre à tout prix et non le bonheur du peuple, « le luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l'Etat tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l'opinion ». Ya-t-il plus de luxe en France ou en Libye ? Ce rapport d’asservissement des employés qui sont poussés jusqu’au suicide les employés mêmes des entreprises publiques ou semi-publique, pour des raisons de rentabilité et donc de possession de luxe d’une des parties est-il plus criant en Libye ou en Occident ?
Le sociologue Américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie américaine comme « la dictature des élites ». Selon Mills, les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas une démocratie parce qu’en définitive, c’est l’argent qui y parle dans les élections et non le peuple. Le résultat de chaque élection y est l’expression de la voix de l’argent et non la voix du peuple. Après Bush-père et Bush-fils, pour les primaires républicaines de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si le pouvoir politique se base sur la bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu’il y a 43 millions de fonctionnaires et militaires aux Etats-Unis qui commandent effectivement le pays, mais qui n’ont été votés par personne et qui ne répondent pas directement au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche) est donc votée mais le vrai pouvoir sur le terrain est tenue par une seule caste de riches qui ne résulte purement et simplement que de nominations comme les ambassadeurs, les généraux de l’armée etc...
Combien de personnes dans les pays autoproclamés « démocratiques » savent qu’au Pérou la constitution interdit un deuxième mandat consécutif au président de la république sortant ? Combien de personnes savent qu’au Guatemala, non seulement le président sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction, mais qu’en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction ? Combien savent que le Rwanda est le pays qui intègre politiquement le mieux les femmes au monde avec 49% de parlementaires femmes ? Combien savent que dans le classement de la CIA 2007, sur 10 pays les mieux gérés au monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d’or à la Guinée équatoriale dont la dette publique ne représente que 1,14% de son PIB.
La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d’un début de démocratie soutient Rousseau. Parce que la démocratie n’est pas une fin, mais un processus permanent pour réaffirmer les droits naturels des humains que dans tous les pays du monde (sans exception) une poignée d’hommes et de femmes, confisquant le pouvoir du peuple, l’oriente pour se maintenir aux affaires. On trouve ici et là des formes de castes qui usurpent le mot « démocratie » qui doit être cet idéal vers lequel tendre et non un label à s’approprier ou un refrain à vanter parce qu’on est juste capable de crier plus fort que les autres. Si un pays est calme comme la France ou les Etats-Unis, c’est-à-dire sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut tout simplement dire que le système dictatorial est suffisamment répressif pour empêcher toute tentative de rébellion. Si les Libyens se révoltent, ce n’est pas une mauvaise chose. C’est prétendre que les peuples acceptent stoïquement le système qui les opprime partout dans le monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de conclure : « Malo periculosam libertatem quam quietum servitium -traduction : S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes ». Dire qu’on tue les Libyens pour leur bien est un leurre.
C- Quelles leçons pour l'Afrique?
Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec l’Occident, il est dès lors prouvé que nous n’avons pas les mêmes critères pour définir le bon et le méchant. Nous avons des intérêts profondément divergents. Comment ne pas déplorer le Oui de 3 pays africains au sud du Sahara, Nigeria, Afrique du Sud et Gabon pour la résolution 1973 inaugurant la nouvelle forme de colonisation baptisée « protection des peuples », validant la théorie raciste que les Européens véhiculent depuis le 18ème siècle selon laquelle l’Afrique du Nord n’a rien à partager avec l’Afrique Subsaharienne, l’Afrique du nord serait ainsi plus évoluée, plus cultivée et plus civilisée que le reste de l’Afrique. Tout se passe comme si la Tunisie, l’Egypte, la Libye, l’Algérie ne faisaient pas partie de l’Afrique. Même les Nations Unies semblent ignorer la légitimité de l’Union Africaine sur ses états membres. L’objectif est d’isoler les pays d’Afrique subsaharienne afin de mieux les fragiliser et les tenir sous contrôle. En effet, dans le capital du nouveau Fond Monétaire Africain (FMA), l’Algérie avec 16 milliards de dollars et la Libye avec 10 milliards de dollars contribuent à eux tous seuls pour près de 62% du capital qui est de 42 milliards de Dollars. Le premier pays d’Afrique subsaharienne et les plus peuplés, le Nigeria suivi de l’Afrique du Sud arrivent très loin derrière avec 3 milliards de dollars chacun.
C’est très inquiétant de constater que pour la première fois de l’histoire des Nations Unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au préalable la moindre piste pacifique pour solutionner le problème.
L’Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le Nigeria et l’Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que l’Occident demande, parce qu’ils croient naïvement aux promesses des uns et des autres de leur donner une place de membre permanent au Conseil de Sécurité avec le même droit de veto. Ils oublient tous les deux que la France n’a aucun pouvoir de leur attribuer le moindre poste. Si elle l’avait, il y a belle lurette que Mitterrand l’aurait faite pour l’Allemagne de Helmut Kohl. La reforme des Nations Unies n’est pas à l’ordre du jour. La seule manière de compter, est la méthode chinoise : tous les 50 pays africains doivent quitter les Nations Unies. Et s’ils doivent y retourner un jour, ne le faire que s’ils ont obtenu ce qu’ils demandent depuis longtemps, un poste pour toute la fédération africaine, sinon rien.
Cette méthode de la non-violence est la seule arme de justice dont disposent les pauvres et les faibles que nous sommes. Nous devons tout simplement quitter les Nations Unies, car cette organisation de par sa configuration, de par sa hiérarchie est aux services des plus forts.
Nous devons quitter les Nations Unies afin de marquer notre réprobation de cette conception du monde basée uniquement sur l’écrasement du plus faible. Tout au moins ils seront libres de continuer de le faire, mais pas avec notre signature, pas en rappelant que nous sommes d’accord alors qu’ils savent très bien qu’ils ne nous ont jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point de vue, comme la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la déclaration sur la contrariété à l’action militaire, ceci a été passé tout simplement sous silence pour aller accomplir le forfait de bombarder le peuple africain.
Ce qui arrive aujourd’hui est le scénario déjà vu auparavant avec la Chine. Aujourd’hui, on reconnaît le gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement des insurgés en Libye. C’est ce qui s’est passé à la fin de la deuxième guerre mondiale avec la Chine. La soit disante communauté internationale avait choisi Taiwan comme unique représentant du peuple Chinois en lieu de place de la Chine de Mao. Il faudra attendre 26 ans, c’est-à-dire le 25 octobre 1971 avec la résolution 2758 que tous les Africains devraient lire, pour mettre fin à la bêtise humaine. La Chine est admise, sauf qu’elle a prétendu et obtenue d’être membre permanent avec doit de veto, si non elle n’entre pas. Cette exigence satisfaite et la résolution d’admission entrée en vigueur, il faudra attendre un an pour que le 29 septembre 1972, le Ministre Chinois des Affaires Etrangères donne sa réponse avec une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies pas pour dire Oui ou Merci, mais pour faire des mises au point, en garantie de sa dignité et de sa respectabilité.
Qu’est-ce que l’Afrique espère obtenir des Nations Unies sans poser un acte fort pour se faire respecter ? On a vu en Cote d’Ivoire un fonctionnaire des Nations Unies se considérer au dessus d’une institution constitutionnelle de ce pays. Nous sommes entrés dans cette organisation en acceptant d’être des serfs et croire que nous serons invités à table pour manger avec les autres dans les plats que nous avons lavés est tout simplement crédule, pire, stupide. Quand l’UA reconnaît la victoire de Ouattara sans même tenir compte des conclusions contraires de ses propres observateurs envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à nos anciens maîtres, comment peut-on nous respecter ? Lorsque le président Sud-Africain (*?)déclare que Ouattara n’a pas gagné les élections et change à 180° après un tour à Paris, on peut se demander ce que valent ces dirigeants qui représentent et parlent au nom de 1 milliard d’Africains.
La force et la vraie liberté de l’Afrique viendront de sa capacité à poser des actes réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la respectabilité ont un prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non, notre place reste à la cuisine, aux toilettes pour garantir le confort des autres.
Genève le 28/03/2011
Jean-Paul Pougala
"pnkongue@yahoo.fr"
 

Wednesday, May 25, 2011

HAITI: LE RETOUR A L'INFAMIE D'AVANT 1946


HAITI: LE RETOUR A L'INFAMIE D'AVANT 1946

Par Joël Léon

Le 14 mai dernier a consacré la «marche-arrière» d'Haïti, point. Un triste retour à la réalité qui a prévalu dans le pays avant le « mouvement de 1946 », quand des hommes, à cause de leur épiderme, furent condamnés par l'élite bourgeoise à être des « intouchables » dans leurs propres pays, où ils représentent plus de 95% de la population. Ceci pour dire qu'il y a eu une contradiction profonde entre les pratiques discriminatoires d'avant 1946 et l'idéal égalitaire de Jean Jacques Dessalines introduit dans les mœurs haïtiennes le 1er Janvier 1804. Le mouvement de 1946, quoique kidnappé et détourné par les « noiristes » et les « pragmatiques », s’était fait, il faut le signaler, à titre de simple rectification d’un mal coloriste historique, avec comme principe fondateur «tout homme est un homme ». Cette rectification renvoyait à la question historique et percutante du fondateur d'Haïti: « Et les pauvres nègres dont leurs pères sont en Afrique, n'auront ils donc rien ?». Ceci dit, il n’y a pas à redire de l'essence idéologique progressiste du mouvement de 46 de transformer « la condition humaine ».
L'accession de Michel Martelly à la présidence met fin à l'illusion nationale et progressiste des années 90, la brève période où le peuple qui chassa la dynastie duvaliérienne du pouvoir en 1986, jouait son rôle historique de faiseur d'histoire en plaçant triomphalement au pouvoir Jean Bertrand Aristide, le prêtre des pauvres. L'expérience n'a duré que sept mois. Le vautour du nord, dans sa gloutonnerie coutumière avait en effet fait appel à ses sbires armés en uniforme. Le résultat fut catastrophique sur le plan humain : plus de 5000 cadavres en trois ans de répression sauvage et des milliers de déplacés, prisonniers, torturés...sans mentionner l'exode massif des cadres techniques et politiques vers les cieux plus cléments des États-Unis d'Amérique et du Canada. Le « retour à la démocratie » organisé en octobre 1994, sous le manteau des Nations Unies, en réalité des Américains, avait été totalement piégé. Le président (légitime) ramené dans les fourgons de l’armée américaine avait les mains et pieds liés; visiblement l'international était aux commandes. Les bourgeois haïtiens gagnèrent encore. Ceux-là qui complotèrent à hauteur de plus de 30 millions de dollars pour la perpétuation et l'exécution du coup d'état de 1991, reçurent des primes pour leurs forfaits. L'USAID avait loué la résidence du leader putschiste, Raoul Cedras, pour la somme de 120.000 dollars américains par an. Aujourd'hui encore, M. Cedras perçoit cet argent après qu'il eut été déclaré « combattant de la liberté » par l'ancien président américain Jimmy Carter en 1997.
Les bourgeois de souche européenne et arabe qui maintiennent les descendants d'esclaves haïtiens dans une crasse insupportable tout en vivant dans un luxe insolent, ont ouvertement repris du service en Haïti le 14 mai dernier, pour prendre leur ultime revanche. Haïti est parmi les rares pays capitalistes, si ce n'est pas le seul, où les composantes de la classe dominante sont viscéralement contre tout processus de production massive de biens au profit de l'importation à outrance et combat toute tentative de fiscalisation et de réglementation de leurs activités « commerciales ». Les riches ne paient pas en Haïti, ils ne créent pas de jobs non plus ; par contre ils complotent en permanence contre toute expression de changement dans le pays. Ce comportement a conduit le peuple haïtien à vivre dans la honte de deux invasions militaires, suivies d'occupation, en une seule décennie.
Le dernier coup d’Etat et coup de massue à la volonté populaire a eu lieu en février 2004, l'année même marquant le bicentenaire de l'indépendance nationale. La mafia internationale s’empressa de placer ses pions au pouvoir, des hommes tels que: Gérard Latortue, René Préval et aujourd'hui Michel Martelly. D'où vient ce dernier?
Certains observateurs étrangers, dans leurs interventions, parlent d'un «phénomène Martelly». Il n'y a pas un phénomène politique Martelly en Haïti. Les chiffres ne plaident nullement pour un soi-disant homme extraordinaire. D'ailleurs, le fait d’avoir été élu président avec une infime minorité de la population, soit «15.23% de l'électorat», renvoie à la subconscience le réflexe d' un «petit chef d'état». Les conditions dans lesquelles ces élections ont été organisées sont du reste considérées comme une catastrophe. Sur le plan logistique, quoiqu’ayant eu près de 40 millions de dollars à sa disposition, le conseil électoral provisoire (CEP) a battu tous les records de brigandage aux urnes dans les annales électorales en Haïti, y compris durant l'époque des baïonnettes au 19e siècle. Sur le plan politique, balayant la principale force politique du pays, « Fanmi Lavalas», par des moyens illégaux et honteux, ces élections restent et demeurent une méprisable mascarade. Par-dessus le marché, l'arrogance de l'international à dicter sa loi expose à nu le scandale d'un plan anti-Haïti.
L'accession de Michel Martelly à la présidence est plutôt le résultat du cynisme singulier de l'international dans ses acrobaties agressives à contrôler l'espace haïtien. Les néo-colons des États-Unis, de la France, du Canada et du Brésil ont tout fait pour préparer la voie à l'émergence de la droite, peu importe l'homme, y compris l'insolent Michel Martelly, crédité de seulement «15.23% de l'électorat». Par contre, il y a des raisons normatives permettant d'expliquer cette marche-arrière politique d'Haïti.
En premier lieu, c’est l'incohérence flagrante d'une «classe politique» vieillie et fatiguée, d'ailleurs sans projets et enfermée dans une logique stérile de conquête du « pouvoir pour le pouvoir » engendre sa faiblesse et la fait sombrer trop souvent dans la pratique des volte-face (flip-flop). Depuis 2004, ceux qui font de la politique en Haïti abandonné leur raison d'être pour s'aligner totalement sur l'international. Ce qui a étrangement conduit à une uniformité répugnante chez les hommes politiques autour d'un soi-disant «idéal républicain», en chute libre partout dans le monde. Historiquement, il a toujours existé dans le pays un camp national où des gens vivaient encore mûs par l'idéal dessalinien. De nos jours ils sont ridiculisés partout, à l'étranger comme en Haïti. Cette référence indigène qui a toujours préservé l'âme nationale des assauts du «blanc» est en situation difficile et frise même la disparition.
Il y a aussi l'infantilisme idéologique et politique du secteur se réclamant du «camp progressiste», qui depuis 1986 s'autodétruit en commettant des bévues indignes du militantisme populaire. Mentionnons d'abord le fonctionnement anti-démocratique des cadres politiques de ce secteur, consistant à individualiser les décisions politiques ; comportement dû à un manque de pratiques démocratiques au sein des organisations et l'absence de toute expérience à partir des tâches pratiques. Le militant progressiste perçoit le camarade dirigeant comme un adversaire, parce qu'il n'a jamais reçu au sein d'une organisation l'éducation nécessaire relative à l'importance d'une culture de discipline et de respect vis-à-vis des dirigeants organisationnels. Le cadre politique, jamais intégré dans aucune structure digne de ce nom, se positionne en fonction de ses intérêts et rêves personnels dépourvus d'essence populaire et patriotique, l’éloignant ainsi davantage des vrais militants. Cet état de choses a conduit partiellement à l'échec des expériences de 1991 et de 2004. Le pouvoir n'était pas conçu comme une expérience politique en mutation, pour la première fois entre les mains des masses. Au contraire, il était perçu comme une pratique gouvernementale traditionnelle où les luttes d'influence ont noyé l'aspect fondamental du processus en cours qu'étaient la consolidation du pouvoir et les revendications fondamentales des masses. L'ivresse du pouvoir conduisit à des luttes politiques intestines qui dépassèrent largement, au moins dans sa férocité verbale, l'hostilité à l'endroit des adversaires politiques de droite qui allaient assassiner, faire disparaître et emprisonner sous la torture des milliers de militants en 1991 et en 2004.
Le gouvernement qui vient de quitter le pouvoir le 14 mai dernier est responsable de la vassalisation de toutes les institutions nationales et de la perpétuation de l'occupation. Sans la présence des forces multinationales, l'ancien président René Preval n'aurait pu terminer son mandat. Aussi, il a accepté sans considération aucune toutes les dictées de l'international en échange de pouvoir conserver le pouvoir après la fin de son mandat, en devenant premier ministre à la manière de Vladimir Putine en Russie et, en plaçant Jude Célestin, son beau-fils, au palais comme président. L’ironie, c'est que l'ancien président n'était pas suffisamment de droite. Aussi, l'international lui a préféré Michel Martelly au détriment du candidat du président sortant.
L'accession de Martelly au pouvoir est un paradoxe. Arrivé en 3e position après les premiers résultats préliminaires du CEP, le candidat de Repons peyizan bénéficiait de l’intervention de l'ambassadeur américain et des instances internationales qui ont contraint publiquement l'institution électorale à revoir sa copie pour parachuter Martelly au second tour. De mémoire d'analyste politique, je n'ai jamais vu un comportement aussi vulgaire et brutal. Le président actuel a toujours été le valet de la bourgeoisie haïtienne, d'ailleurs il s'en est toujours enorgueilli. Donc, sa prise de pouvoir marque le retour brutal de la réaction aux affaires, cette fois-ci sans intermédiaire. Son premier acte majeur officiel a été la désignation d'un premier ministre. Comme on s'y attendait, il a fait choix d'un commerçant pour diriger le gouvernement, en la personne de Daniel Gérard Rouzier. Comme Martelly, M. Rouzier fut un grand artisan des deux derniers coup d'état dont ont été victime Jean B. Aristide et le peuple haïtien. Voilà qu’aujourd'hui on le présente comme un légaliste et un démocrate convaincu, quelle ironie!
M. Rouzier se veut un modernisateur qui a réussi dans le business, c'est à dire un grand bourgeois. Cependant, E-power, une petite compagnie d'électricité dotée de 30 mégawatt, créée par le premier ministre désigné au coût de 57 millions de dollars respecte la logique traditionnelle en mettant sa production électrique au service de la « république de Port-au-Prince ». Ne pouvait il pas créer une plus grande compagnie, lorsqu'on considère qu'un bourgeois comme Gilbert Bigio est à la tête d'un empire de plus d'un milliard de dollars à lui seul ? Des amis étrangers éprouvent toujours beaucoup de difficultés à comprendre la logique minimaliste qui anime les élites haïtiennes. Comment est-ce qu’un pays qui s'est imposé à la face du monde comme « mère de toute liberté » a pu produire tant de minimalistes ? Donc, la décentralisation d'Haïti n'est pas pour demain. Transférer le pouvoir politique à la bourgeoisie haïtienne est une aberration dans un pays où la classe dominante a échoué lamentablement. Haïti est un pays d'importation qui dépense plus de 2.727 milliards de dollars américains annuellement pour l'achat de toutes sortes de biens à l'étranger pour la consommation locale. Parallèlement, le pays exporte à l'extérieur pour une bagatelle de 530.2 millions de dollars l'an.
D'après ce qu'on écrit, « Haïti est une économie de libre marché», donc capitaliste, et il est aussi normal qu'une poignée d'individus s'approprie légalement des richesses du pays. Pour créer ces richesses, les bourgeois ont besoin d'une force de travail qualitative et quantitative. Cela permet à des milliers d'hommes et de femmes de trouver un emploi, d’ailleurs précaire, afin de subvenir maigrement aux besoins de leurs familles : c’est là le seul «avantage» pour les masses. Les richesses d'Haïti sont confisquées par une poignée ne dépassant pas 20 familles, et le taux de chômage touche plus de la moitié de la population. Donc, la classe dominante haïtienne ignore tout de sa mission historique de créer des emplois. Pour la récompenser l'international et l'oligarchie ont décidé de remettre le pouvoir à ses représentants, en la personne de Gérard Rouzier, pour perpétuer davantage le pillage du pays et la paupérisation des masses.
Dans l’esprit de l'international et de la droite, la stratégie la plus compatible avec leur visées consiste à remettre le pays aux commerçants, surtout avec l'échec constaté de la classe moyenne au pouvoir depuis 1946. Cette nouvelle réalité va propulser les éléments de la classe intermédiaire, exclusivement noire, au bord de l'explosion. Le secteur public qui absorbe une grande majorité d'entre eux n'offre plus de sécurité. Sous prétexte de corruption qui a toujours marqué l'administration publique haïtienne et les pressions du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement va procéder à des révocations massives dans ce secteur. Donc, l'observateur lucide s'attend à un effet de boomerang. Une classe moyenne non-satisfaite, alliée à une masse de pauvres en guenille constitue une équation explosive qui, historiquement a toujours conduit à des changements en profondeur au sein de la société. On s'attend à une radicalisation des revendications populaires contre la gestion des riches. Pour freiner le mouvement, le gouvernement va procéder comme d'habitude à la répression sauvage des mouvements sociaux, déjà l'un des proches de Martelly s'organise dans ce sens.
D' après des informations dignes de foi qui circulent à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le bras-droit de Martelly, Roro Nelson, croit qu'il est impossible de diriger Haïti sans avoir recours à une Milice. Pour cela, il est déjà en contact avec les dirigeants de différentes « bases »( groupes criminels) opérant à la capitale en vue de les coopter et de les domestiquer dans le cadre d'un projet de sécurité nationale. Le président lui-même n'a jamais caché son animosité à l'endroit des groupes sociaux et militants de gauche dans le pays. Ses ramifications avec l’extrême-droite pendant la période terrible du premier coup d'état de 1991 sont documentées. Participant à toutes les manifestations de soutien du groupe paramilitaire FRAPPH, il a été d'un grand support aux putschistes militaires en animant les rues avec de la musique et des slogans incendiaires contre le peuple qu'on massacrait. D'après le prêtre progressiste assassiné en 1994, Jean-Marie Vincent, Martelly patrouillait les rues avec les militaires au cours de la nuit à la recherche de militants Lavalas cachés. Il représente la droite brutale dans toute sa laideur. De toute évidence, les riches sont au pouvoir pour de bon!

Joël Léon

Friday, May 13, 2011

BARAK OBAMA, L'AUDACIEUX


Barak Obama, l’audacieux

Le 12 mai 2011

Dans un article publié dans « National Journal » sous le titre révélateur : « Le cout de Ben Laden : 3 trillions de dollars... », deux analystes ont présenté un papier très informatif dans lequel est exposé la fortune dépensée pendant 15 ans de chasse contre l’homme qui a fait trembler l’Amérique le 11 septembre 2011.
Barak Obama, le président qui aurait du mettre fin aux deux grandes guerres que mènent le pays depuis 2001, se singularisent comme un autre faucon de plus du militarisme. A l’instar de Richard Nixon, qui promit lors de sa campagne électorale de 1968 de mettre fin a la guerre du Vietnam, qui avait paradoxalement fait le contraire, en additionnant exponentiellement l’effectif et dépenses militaires au Vietnam. Barak Obama a reproduit ce même schéma ! Les guerres se poursuivent en Irak et Afghanistan, les conflits a basse intensité ne se ralentissent pas en Afrique, Asie et Amérique Latine sous le label des États-unis d’Amérique, dont le président fut récompensé par le prix Nobel de la paix de 2009. L’ère d’incroyables paradoxes ! Si l’ancien président George Bush s’était fièrement et honnêtement qualifié de « président de la guerre », Barak Obama, tristement est celui de la « paix du cimetière ». Et pourtant, toute sa campagne électorale de 2008 était axée sur une série de concepts liés a la paix internationale, la fin de l’unilateralisme...
Dans un article publié en 2008, quelques mois après la prise de pouvoir par Barak Obama, sous le titre « Barak Obama, ni Jésus-christ ni Fidel Castro », j’avais mis l’accent sur le fait que le président est a la tête d’un empire intelligent et féroce de plus d’un siècle. Un système qui a sa raison d’être, ses principes fondamentaux, et surtout ses bénéficiaires et défenseurs. Donc, il ne va rien changer, parce que tout simplement il n’a pas le pouvoir. C’est ce qui est toujours arrivé aux leaders peu courageux ou faux, ils se gargarisent autour des thèmes alléchants mais n’ont pas la forte volonté, l’organisation et l’équipe indispensables pour la matérialisation de ces idées. En observant Barak Obama dans les réunions politiques et a la télévision, j’ai toujours eu cet esprit crustateur a son endroit, comme s’il était entouré d’une spirale mystique infranchissable. Est il un démagogue, populiste, farceur, calculateur ou tout simplement chanceux ?
A mon avis, il réunit en soi toutes les qualités qui conduisent au succès personnel. Il a le look, le charme, le discours et surtout le brain-power. Il vient de le démontrer dans sa décision d’ordonner l’assaut contre le bâtiment qui abritait Usama Ben Laden, dont personne n’était sur de sa présence a l’intérieur. L’assaut est venu a un moment ou l’administration, aux abois avec un taux de chômage trop élevé et une campagne électorale débutée trop tôt, en avait le grand besoin. Il a pris audacieusement sa chance en dépit de forts risques de compromettre les chances d’un second mandat. Car, en cas d’échec il aurait pu être tenu responsable de la mort ou kidnapping des militaires des « forces spéciales » dans un pays fortement islamique, ou ben Laden jouit apparemment des complicités de certains haut lieux du pouvoir pakistanais. D’autre en plus, l’opération est une incursion illégale déclenchée dans un état ami mais souverain et incontournable dans la lutte anty-terroriste en Afghanistan et dans toute l’Asie de l’est. L’homme a risqué gros pour gagner l’essentiel.
Au fort Campbell, a Kentucky, le président a qualifié sa décision audacieuse d’autoriser l’attaque contre la forteresse de ben Laden comme « la plus difficile de sa présidence ». C’est a dire la capture ou l’élimination physique du chef d’Al Qaida était sa plus grande priorité. Qu’en est il des grands défis locaux ? Quand il n’y a pas de solutions aux problèmes socio-économiques des États, les élites recourent toujours aux moyens détournés mais légaux afin de les transférer dans des dimensions psychologiques nébuleuses en agitant le spectre émotionnel du nationalisme, du colorisme, de la religion, de la xénophobie...Ils sont les disciples fidèles de l’auteur du « Prince » Nicholo Machiaveli.
Le gouvernement et la presse internationale présentent l’exécution du terroriste comme l’événement du nouveau siècle. Les peuples boivent la coupe de mensonges comme le café aromatique d’Haïti. Après avoir dépensé plus de 3 billions de dollars pendant 15 ans pour l’élimination physique de Ben Laden, ils lui offrent la couverture médiatique la plus complète et la plus totale qu’on pourrait imaginer. Les analystes politiques admettent unanimement que le symbole entourant le chef d’Al Qaida est plus important que l’homme lui-même. En un temps record, celui-ci a pu élaborer un network mondial d’activités extrémistes pour lequel il n’a rien dépensé.
Par contre, le terrorisme islamique, quoique effrayant, n’est pas la principale source de menaces terroristes aux États-unis. D’après un rapport du FBI, 42% des actes terroristes sont latinos, 24% sont extrême-gauche, 7% d’extrémistes juifs, 5% communistes et 16% d’autres groupes. Le rapport est basé sur une période de 25 ans, soit de 1980 a 2005.
La religion islamique a le vent en poupe dans le monde particulièrement en Europe, spécialement en France, en Asie qui abrite déjà plus de 930 millions de fidèles sur un ensemble de 1,3 milliard, l’Afrique etc. Les occidentaux ont raison d’avoir peur, mais cette montée islamiste n’a rien a voir avec ben Laden. C’est plutôt d’autres causes inhérentes au capitalisme qui détournent les citoyens de l’ouest du christianisme, comme le manque d’intérêt, la culture libertaire, l’hypocrisie...Certaines fois, cette peur a pris l’allure de panique. l’Ossrvatore Romano, journal officiel du Vatican, a admis dans ses colonnes, et je cite : « Pour la première fois dans l’histoire nous ne sommes plus en tête, les musulmans nous ont dépassé »( les catholiques).
Ben Laden est un criminel notoire qui n’hésite pas a tuer massivement, comme ce fut le cas du 11 septembre 2001, pour obtenir des gains religieux. Il avait fait un choix qui le plaçait au devant la lutte radicale des islamistes pour la protection de leurs religions. S’autoproclamer scheik, il croyait être le choix d’Allah pour stopper la croisade des infidèles en marche au berceau même de l’Islam, l’Arabie Saoudite. Toutefois, il ne fut pas le pire des criminels de l’histoire. D’ailleurs, Stephen Brock Blomberg l’a reconnu lui-même lorsqu’il a déclaré « mauvais que soit Ben Laden, il n’est pas de près plus criminel qu’Hitler, Mussolini...et de tout le reste ». Comment comprend on cet acharnement a déclarer une guerre contre sa personne qui coute plus de 15 billions de dollars aux contribuables américains. D’après l’amiral Mike Mullen de l’état major des armées américaines « Notre dette nationale est la plus grande menace a la sécurité nationale des États-unis d’Amérique ». National journal a révélé que la prochaine décennie entrainera avec elle un déficit budgétaire de l’ordre de 9 trillions de dollars, dans la mesure ou que les dépenses continuent d’être folles comme c’est le cas aujourd’hui.
Placer le cas de Ben Laden au devant de la situation socio-économique c’est de la politique a l’état pur, Obama utilise la propagande de terreur comme son prédécesseur George Bush pour s’agripper au pouvoir une deuxième fois. Un pays ayant une population de 311 millions d’habitants, dont 24 millions sont au chômage, 44 millions vivent a partir du food stamps fourni par le gouvernement pour nourrir leurs familles, près d’un million de maisons sont déjà saisies ou en état de l’être par les banques pour l’année 2011, une balance commerciale déficitaire de 670 billions de dollars et une dette aux pays étrangers dépassant les 14 trillions de dollars. Quelque chose va mal dans cette société, définitivement !
« Seul les morts contemplent la fin de toutes guerres », les politiciens ou « warmongers » manipulent les peuples au profit du pouvoir. Ces pratiques sont courantes depuis l’empire Romain en passant par les Britanniques pour arriver aujourd’hui, le « nouveau siècle américain ». Tout de suite après l’exécution de Ben Laden, le président américain a fait une remontée spectaculaire de 9 points dans un sondage conduit par Washington post, soit 56%. Le terroriste n’est plus, qu’est ce que cela va changer dans la vie courante de ceux qui vivent aux États-unis,est ce que le gallon de gazoline va passer de 4 a 2 dollars dans les pompes a Philadelphie. Toutefois, il faut admettre qu’un monde sans un criminel notoire comme ben Laden inspire beaucoup plus de confiance. D’autre en plus, les familles des victimes des attentats du 11 septembre peuvent vivre un sentiment de justice qui apaisera leurs peines tout en travaillant pour un meilleur futur quand l’homme cessera d’être la proie des criminels.
La sensation qui accapare le paysage social et politique sera de courte durée. La réalité économique est trop grimaçante pour qu’on l’ignore pendant longtemps. Et, traditionnellement, les campagnes électorales aux États-unis se jouent a partir des problèmes locaux comme le chômage, l’assurance santé, sécurité sociale...La politique internationale, a l’exception du temps de guerre, n’influence pas beaucoup les opinions en Amérique. Donc, Ce fait d’arme réussi du 2 mai ne suffira pas pour hisser Obama au pouvoir pour un second mandat. Toutefois, avec la mort de ben Laden, il s’est fait une autre opinion de lui en termes de courage et de discernement en situation difficile, une bonne qualité pour un grand leaders. En considérant le fait qu’il n’a pas de background militaires et décida de mener l’attaque dans des conditions peu claires va jouer en sa faveur.
Et si le gouvernement américain savait ou se cachait le chef terroriste depuis des années ou mois, mais attendait le meilleur moment pour passer a l’attaque qui coïnciderait avec des gains politiques. Parce que cette affaire rappelle étrangement celle des otages américains tenus captifs en Iran en 1979. Le 24 avril 1980, Jimmy Carter, le président d’alors, avait donne l’ordre d’entreprendre une opération militaire pour tenter de libérer les otages, sous le nom de « Operation Eagle Claw », juste quelques mois avant les présidentielles américaines. Malheureusement, pour le démocrate, l’opération échoua lamentablement. D’aucuns pensent que si Carter avait réussi a libérer les otages, cela lui paverait la route pour un second mandat a la maison blanche. Plus tard, d’après des sources crédibles, le président élu, Ronald Reagan, aurait intervenir pour retarder la libération des otages sous l’administration démocrate. Le paradoxe de cette affaire, c’est que les 52 otages restant furent libérés le jour même où Reagan prêta serment, le 20 novembre 1981.
Pour lancer une opération pareille, il faut être résolu, courageux, et chanceux aussi. L’élimination physique de ben Laden assurera-t-il un second mandat a Barak Obama ? Qui vivra, verra !
Joël Léon