Thursday, September 23, 2010

La bataille Venezuela

La bataille Venezuela Ignacio RAMONET Dans la dispute pour l’hégémonie idéologique en Amérique latine, deux épreuves décisives se déroulent les prochaines semaines : élections législatives au Venezuela, le 26 septembre, et scrutin présidentiel au Brésil, le 3 octobre. Si la gauche démocratique ne venait pas à l’emporter dans ce pays-géant, le pendule politique s’inclinerait, à l’échelle continentale, vers la droite qui gouverne déjà dans sept pays : Chili, Colombie, Costa Rica, Honduras, Mexique, Panama et Pérou. Mais une telle éventualité semble peu probable ; José Serra, candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), pourra difficilement s’imposer face à Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT), candidate soutenue par le très populaire président sortant Luiz Inacio Lula da Silva, qui, si la Constitution l’avait permis, eût été facilement réélu pour un troisième mandat. L’affaire étant pour ainsi dire réglée au Brésil, les forces conservatrices internationales concentrent leurs attaques sur l’autre front, le Venezuela, dans l’espoir d’affaiblir le président Hugo Chavez et la Révolution bolivarienne. Ce qui s’y joue, c’est la désignation des 165 députés à l’Assemblée nationale (il n’y a pas de Sénat). Avec une particularité : les élus sortants sont presque tous « chavistes », l’opposition ayant refusé de participer au précédent scrutin de 2005. Cette fois, elle n’a pas commis la même erreur ; un assemblage hétéroclite de partis et d’organisations [1], agrégés par la haine anti-Chavez, se présente sous le sigle commun du MUD (Mesa de la Unidad Democrática, Table de l’unité démocratique) contre le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) [2] du président. Inévitablement, la majorité bolivarienne verra ses rangs diminuer dans la nouvelle Assemblée. De combien de députés ? Le gouvernement pourra-t-il poursuivre son programme de grandes réformes ? L’opposition aura-t-elle les moyens de freiner la révolution ? Tels sont les enjeux. En sachant que 60 % des parlementaires (soit 99 sièges) sont élus au scrutin uninominal, et les autres 40 % (soit 66 sièges) à la proportionnelle. La liste qui dépasse les 50 % des suffrages obtient automatiquement 75 % des sièges réservés au scrutin proportionnel. Ceci est fort important, car la Constitution prévoit que les lois organiques [3] doivent être votées par les deux tiers des députés, et que les grandes lois qui habilitent le président à légiférer par décret, doivent l’être par les trois cinquièmes des députés. Cela signifie que si l’opposition obtenait 56 sièges (sur 165), elle pourrait empêcher l’adoption de toute loi organique ; avec 67 sièges, elle rendrait impossible le vote de lois habilitantes. Or, jusqu’à présent, ce sont précisément les lois habilitantes qui ont permis la réalisation des principales réformes. Voilà pourquoi la bataille Venezuela mobilise tant d’énergies et de ressources au sein des droites internationales. Cela explique aussi la hargne et l’agressivité des nouvelles campagnes de diffamation lancées, à l’échelle mondiale, contre le président Hugo Chavez. Ces derniers mois, les accusations les plus malveillantes se sont succédées. Les médias de haine ont d’abord fait grand bruit autour des problèmes de restrictions d’eau et de coupures d’électricité (aujourd’hui résolus) dont ils rendaient coupable le gouvernement, sans mentionner la seule et vraie cause : le changement climatique responsable de la sécheresse du siècle qui a frappé l’hiver dernier le pays. Ils ont ensuite répété à satiété les accusations sans preuve avancées par l’ancien président de Colombie, Alvaro Uribe, à propos d’un supposé "Venezuela, sanctuaire des terroristes". Dénonciations aujourd’hui abandonnées par le nouveau président Juan Manuel Santos après sa rencontre du 10 août avec Hugo Chavez. Celui-ci avait, une fois encore, redit que les guérillas doivent abandonner la lutte armée : "Le monde actuel n’est pas celui des années 1960. Les conditions ne se prêtent plus, en Colombie, à une prise du pouvoir. En revanche, la lutte armée est devenue le prétexte principal de l’Empire pour pénétrer à fond en Colombie et, à partir de là, agresser le Venezuela, l’Equateur, le Nicaragua et Cuba [4]." Puis il y a eu les affolantes campagnes sur l’insécurité. Comme si le problème - auquel les autorités s’attaquent avec des moyens redoublés [5] - était nouveau. Voici, par exemple, ce qu’on pouvait lire - déjà en juillet 1995 ! - dans un reportage sur la saga de l’insécurité dans capitale vénézuélienne : "Une véritable psychose de peur hante Caracas.(...) La violence a atteint un tel degré de folie que les délinquants ne se contentent plus de voler.(...) On frappe pour le plaisir de frapper, on tue pour le plaisir de tuer. On s’acharne, on se saoule de cruauté. En une semaine, plusieurs personnalités - dont un célèbre joueur de base-ball (Gustavo Polidor), un chirurgien et un avocat - ont été assassinées sous les yeux de leur famille. L’insécurité est partout. Une cinquantaine de chauffeurs d’autobus de la capitale ont été tués depuis le début de l’année... [6]" Contre toute évidence, les médias de haine répètent également que les libertés politiques seraient amputées et que la censure empêcherait toute liberté d’expression. Ils oublient de signaler que 80 % des stations de radio et des chaînes de télévision appartiennent au secteur privé, alors qu’à peine 9% sont publiques [7]. Ou que, depuis 1999, quinze élections démocratiques se sont tenues, et qui n’ont jamais été contestées par aucun organisme international de supervision. Comme le souligne le journaliste José Vicente Rangel : "Chaque citoyen peut adhérer à n’importe lequel des milliers de partis politiques, syndicats, organisations sociales ou associations, et se déplacer sur l’ensemble du territoire national pour débattre de ses idées et opinions sans limitation d’aucune sorte [8]." Depuis la première élection d’Hugo Chavez, en 1999, l’investissement social a quintuplé par rapport à la moyenne de celui réalisé entre 1988 et 1998. Cela a permis d’atteindre, avec cinq ans d’avance, presque tous les Objectifs du millénaire fixés par l’ONU pour 2015 [9]. Le taux de pauvreté a chuté de 49,4 % en 1999 à 30,2 % en 2006, et celui de misère de 21,7 % à 7,2% [10]. De résultats aussi prometteurs, méritent-ils vraiment tant de haine ? Ignacio Ramonet Mémoire des Luttes http://www.medelu.org/spip.php?arti... [1] Acción Democrática (social-démocrate), Alianza Bravo Pueblo (droite), Copei (démocrate-chrétien), Fuerza Liberal (ultralibéral), La Causa R (ex-communistes), MAS (Mouvement au socialisme, gauche conservatrice), Movimiento Republicano (néolibéral), PPT (Patrie pour tous, droite), Podemos (Pour la démocratie sociale, gauche conservatrice), Primero Justicia (ultralibéral) et Un Nuevo Tiempo (social-libéral). [2] Fondé en 2007, le PSUV réunit presque toutes les forces politiques qui soutiennent la Révolution bolivarienne : Movimiento Quinta República, Movimiento Electoral del Pueblo, Movimiento Independiente Ganamos Todos, Liga Socialista, Unidad Popular Venezolana, etc. Le Parti communiste du Venezuela (PCV) n’a pas intégré le PSUV, mais il soutient la plupart de ses options et a signé avec lui un accord électoral. [3] Une loi organique complète la Constitution et précise l’organisation des pouvoirs publics. Dans la hiérarchie des lois, elle se situe au-dessous de la Constitution, mais au-dessus des lois ordinaires. [4] Clarín, Buenos Aires, 25 juillet 2010. [5] Cf. Maurice Lemoine, "En proie à l’insécurité, Caracas brûle-t-elle ?", Le Monde diplomatique, Paris, août 2010. [6] Ignacio Ramonet, "Le Venezuela, vers la guerre sociale ?", Le Monde diplomatique, juillet 1995. [7] Ils "oublient" également de signaler que, au Honduras, par exemple, pendant le premier semestre de cette année, neuf journalistes ont été assassinés... [8] www.abn.info.ve/node/12781 [9] http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/sp... [10] www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php ?45387

Salvador Allende, l’exemple de fidélité au peuple

Salvador Allende, l’exemple de fidélité au peuple Joel LEON Depuis neuf ans, l’humanité commémore deux dates fatidiques. La dernière en date est celle du 11 septembre 2001, lorsque des terroristes avaient transformé quatre avions civils en missiles pour détruire les deux plus grands symboles économiques et militaires des Etats-Unis d’Amérique, le « World Trade Center » et le « Pentagon », pour ainsi dire le monde occidental. La première date de trente sept ans et ce fut au Chili le 11 septembre 1973, quand l’oligarchie locale chilienne, alliée aux forces impérialistes téléguidées par Washington, mit fin à l’expérience progressiste et sociale unique de ce pays andin. Je me rappelle cette première fois quand j’ai assisté à la projection du film « Il pleut sur Santiago » et qu’on débattait du coup d’état chilien en Haïti en 1986, après le départ forcé de Jean-Claude Duvalier du pouvoir. C’était fascinant, et déjà la perspective de la répétition de ce qui s’était passé au Chili me hantait l’esprit. Très jeune, je répondis à l’invitation, soit de la « Fédération nationale des étudiants haïtiens » FENEH, soit de l’ « institut mobile d’éducation démocratique » IMED, que dirigeaient les militants d’alors, Victor Benoit, Michel Soukar etc. pour participer à la projection d’un film sur le coup d’état militaire chilien qui sera suivi d’un débat. Des centaines de jeunes répondirent à l’appel au sein du collège Jean Price Mars. Les voix des résistants pour la nouvelle Haïti résonnaient en nombres suffisants, forçant la réaction au bavardage. Il s’agissait du film « Il pleut sur Santiago ». Je n’oublierai jamais ce jour-là, ni le titre de ce film. Venceremos, venceremos, venceremos ! Nous vaincrons, était sur toutes les lèvres pendant que l’armée d’Haïti patrouillait les rues adjacentes. Apres le départ des Duvalier, le Département d’Etat US avait remis le pouvoir aux forces armées d’Haïti sous prétexte qu’elles étaient la seule force institutionnalisée du pays, en fait la seule capable de garantir la continuité du statu quo. Les masses, sous la direction des organisations populaires et de certains intellectuels de gauche, rejetaient le « duvaliérisme sans Duvalier » imposé par Washington. La situation d’Haïti était similaire à celle du Chili de Salvador Allende sur beaucoup de points. Les militaires parachutés au pouvoir s’étaient vite transformés en bourreaux du peuple haïtien. Ils véhiculaient un message réactionnaire axé sur un anticommunisme primaire et défendant ouvertement les intérêts de l’oligarchie rétrograde. Ils installèrent un régime de terreur dans le pays où la persécution politique est permanente, la torture pratiquée à grande échelle, des cas de disparitions enregistrés, des massacres, ajoutez à cela, les attaques répétées contre la presse indépendante et qui se multipliaient quotidiennement. Donc, le film « Il pleut sur Santiago » projetait notre présent et futur en tant que fer de lance du mouvement revendicatif d’avant et d’après 1986. Au collège Jean Price Mars, les jeunes étudiants que nous étions, allaient prendre conscience de ce qui nous attendait à partir de notre choix politique. La répression qui s’abattait sur le Chili après le coup d’état était effrayante, arrestations et tortures dans le stade, exécutions sommaires, disparitions… tous ces actes fascistes raffermissaient davantage notre foi patriotique. Nous étions des romantiques, nous rêvions de la révolution, de la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, et surtout la naissance d’une société équitable. Nous entendions nous battre pour la matérialisation de ces idées. Jeunes que nous étions, ce furent nos tribulations du 11 septembre 1973 à nous en Haïti. Ce jour-là, j’écoutais parler le grand poète chilien, Pablo Neruda, qui expliquait à sa femme son mariage d’amour avec le peuple chilien et comment la lutte des classes avait atteint son paroxysme au Chili, un mariage sans divorce. Je me suis marié depuis lors avec la lutte des pauvres sur tous les coins de la terre. 24 ans après, je suis toujours resté fidèle à cet engagement militant et je m’en sens fier et m’en enorgueillis. On dirait que c’était hier ! Quand le président Allende s’adressait pour la dernière fois avant que commença l’attaque du palais national par les putschistes, ce fut de l’hystérie. Avec une voix posée, aux accents prémonitoires, Allende jetait les bases de la lutte des peuples du continent par ces mots : « L’Histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu’ils nous écrasent, mais l’avenir appartiendra au Peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure ». Dix sept ans après, cette même génération qui l’écoutait parler du futur a réédité son exploit à travers les élections du 16 décembre 1990. Pendant toute la campagne électorale de cette année, l’expérience chilienne ne cessait de me hanter l’esprit, je savais pertinemment que l’oligarchie, repliée pendant les élections, allait rebondir plus tard pour récupérer l’espace politique perdu. Comme prévu, après tant de tergiversations et complots en permanence, ils fonçaient sur le jeune pouvoir. Nationalement, nous avons résisté de notre mieux, particulièrement à carrefour feuilles, la dernière poche de résistance aux fascistes de la capitale. Je pense à mon camarade militant Ely Laroque Comme le 11 septembre 1973 chilien, le 30 septembre 1991 haïtien endeuillait la nation. Nous avons perdu plus de 5000 âmes pendant les trois ans de la répression brutale. Je pense à mon ami de lutte Ely Laroque, disparu sans laisser de traces, sinon ses quatre enfants qui l’aimaient follement. Il était le plus âgé du groupe de résistants, il symbolisait la voix de la raison contre la folie qui nous tentait, il était l’élan sage qui équilibrait nos discussions passionnées et le ciment qui collait ensemble nos divergences stratégiques. Sa disparition allait créer une fissure que nul d’entre nous n’avait pu combler. En lisant le discours de Salvador Allende sur « grand soir info », je ne pouvais m’empêcher de penser à ce distingué combattant bestialement disparu. On n’a pas érigé de bustes accompagnés de pompeux discours prononcés par des officiels pour rendre hommage a son sacrifice ultime. Ses enfants et sa courageuse femme n’ont rien reçu des gouvernements qui se sont succédés au pouvoir, elles ont été oubliées parce qu’elles n’étaient filles de personne. Survivant de cette période macabre de la vie nationale, je suis la mémoire de cette génération, celle d’après 1986 qui affrontait les fusils avec les mains nues, celle qui ne reculait devant rien pour empêcher ce que nous sommes entrain de vivre aujourd’hui, l’occupation du territoire national. C’est une génération de désintéressés qui marchait des kilomètres pour publier des notes de protestation à la presse, une génération qui rêvait au grand jour. Je suis fier d’avoir appartenu à ce groupe de femmes et d’hommes qui ont contribué à faire de moi ce que je suis. En ce moment de grand souvenir, j’ai une pensée spéciale pour les martyrs de ma génération, plus particulièrement Ely Laroque, victime des dérives dictatoriales des militaires en furie. Salvador Allende, un symbole vivant Je lisais que Socrate et Jésus Christ représentent les deux plus grands sages que même la mort n’arriva à effrayer. Socrate a bu du poison de sa propre main. Jésus Christ, même sur la croix, implorait le pardon pour les soldats romains qui perçaient ses entrailles « car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Salvador Allende, certain de sa mort prématuré, l’embrassa avec sérénité et tranquillité tout en exprimant son allégeance a son peuple que : « Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au peuple ». Il affrontait la mort avec un courage exemplaire, ce qui fait de lui le héros latino-américain. Lui, le premier qui a ouvert la voie des élections au peuple, de la même façon que Fidel Castro l’avait révélé 13 ans avant, que la révolution est possible dans le continent américain. Allende a démontré que les peuples peuvent gagner a travers les urnes quoique suscitant l’empire a de scandaleuses barbaries humaine. Depuis lors, les expériences se poursuivent, Jean B. Aristide avait repris le flambeau en 1991, puis ce fut le tour d’Hugo Chavez en 1994 au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie, de Raphael Correra en Equateur, de Daniel Ortega au Nicaragua… Les peuples sont en ébullition, ils décident de prendre leurs destins en main et conscients du risque que cela comporte. Désormais, du nord au sud, le système d’exploitation mangeur d’hommes est contesté dans le continent. Les luttes sociales sont de plus en plus régulières, sur fonds de crise économique ou les gouvernements occidentaux affichent leurs limites misérables à redresser la situation. Ici aux Etats-Unis, les choses s’empirent. Dans une petite ville de l’état de Géorgie, Clayton County, les autorités sont obligées de stopper tout le système de transport public utilisant l’autobus, abandonnant ainsi a leur sort plus de 8400 passagers qui l’utilisaient tous les jours. Dans Colorado Springs, les autorités municipales sont obligées d’éteindre un tiers de l’électrification des rues, soit 24512 de pylônes d’éclairage électriques pour pouvoir équilibrer le budget de la ville, plongeant ainsi dans l’obscurité une bonne partie. En même temps, le gouvernement distribue de l’argent aux plus riches sur toutes les formes possibles et inimaginables. Je lisais un petit journal édité dans la ville de Bucks County de l’état de Pennsylvanie, l’auteur a révélé que 9.1 milliards de dollars ont disparus en Irak et personne n’arrive encore à justifier cette forte somme. Le responsable du ministère de la défense, au Pentagone, estime que l’argent a été bel et bien dépensé, mais on n’a pas de factures disponible. N’est-ce pas risible ! En ces temps de grandes difficultés, je me réfère encore à Salvador Allende, pour dire « Allez de l’avant, sachez que bientôt s’ouvriront de grandes avenues ou passera l’homme libre pour construire une société meilleure ». JOEL LEON

Wednesday, September 15, 2010

BARAK OBAMA, NI JESUS-CHRIST, NI FIDEL CASTRO

BARAK OBAMA : NI JESUS-CHRIST, NI FIDEL CASTRO par JOEL LEON J’ai eu la chance de participer à deux campagnes de Barak Obama dans l’état de Pennsylvanie. J’ai voulu voir de près à qui il ressemble et, surtout, observer le comportement de ceux qui venaient l’écouter, sans oublier mon intention de saisir l’histoire comme témoin oculaire. Il est charmant, plein de vigueur, sûr de lui-même et présente les caractéristiques d’un vainqueur. Par moment, il rappelle la jeunesse et le fougue d’un Thomas Sankara, mais en réalité il n’y a rien de similaire, à part les gestes. Probablement, s’il héritait d’une situation extraordinaire, il pourrait se mettre à la hauteur, en jouant en leader extraordinaire. Bref, pour la société américaine il représente un révolutionnaire du type de Jésus-Christ, pour certains progressistes du monde, un Fidel Castro, pour d’autres un rêveur ou un calculateur. Etre chef d’état d’un empire Les Etats-unis sont le sommet d’une structure pyramidale impérialiste, composée d’anciens états colonialistes/esclavagistes de l’Europe et d’autres apprentis sorciers étendant leurs tentacules sur le globe. L’Amérique a sans doute dérété l’abolition de l’esclavage en 1865, n’empêche que si Barak Obama était né bien des années auparavant il aurait été la propriété d’un maître, quelque part dans l’union, comme esclave. Entre-temps il faut rappeler qu’Haïti avait déjà aboli l’esclavage depuis 1804. Le peuple haïtien était donc déjà 61 ans en avance de la plus grande démocratie du monde. A travers l’histoire, les empires présentent les mêmes caractéristiques. Ils cherchent à étendre incessamment leur autorité et culture sur les autres peuples, ils font la guerre en permanence par nécessité de nouvelles conquêtes, ils punissent dans le sang tout mouvement de rébellion, et façonnent leurs citoyens à se considérer des êtres supérieurs… Un empire ne peut être détruit sans le bouleversement de sa base culturelle comme ordre dominant. Les contradictions fréquentes donnant lieu à des mécontentements quotidiens sont les signes indispensables d’une potentielle fin de règne. La crise financière actuelle qui frappe les institutions bancaires et de crédit ne suffit pas pour imposer des changements radicaux au sein de l’empire. Par contre, le malaise économique favorise le courant réformateur du système qui exige depuis toujours une certaine humanisation. Tout en prenant soin de sauvegarder les détenteurs traditionnels des moyens de production. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur la proposition des 700 milliards de dollars de l’administration Bush pour sauver le système financier, que Barak Obama et John MC Cain ont supportée. Cet accord aide à déceler les limites des deux candidats, en particulier le candidat afro-américain. Donc, l’intérêt de l’empire doit prévaloir, et qui pis est, le président élu n’a promis ni promu de bouleversements sociaux politiques, il s’engage à faire que le 21e siècle soit un autre siècle américain. Ce qui me rappelle étrangement le document stratégique et politique, intitule « Project for the new american century » de Paul Wolfowitz, Dick Cheyney (le cousin d’Obama), Richard Pearl…Ces messieurs qui viennent piteusement d’échouer au sein de l’administration de George Bush. Un rapprochement qui entre dans la lignée des chefs d’état de l’empire. Etre chef d’état d’un puissant empire comme les Etats-Unis, n’a rien du hasard. Nous constatons l’émergence d’un homme politique bourré d’audace qui a réussi à convaincre « The establishment » qu’il sera un président comme tous les autres, prêt a défendre les intérêts des puissants. Cela ne signifie en aucun cas que l’émergence d’un président hors du statu quo ante n’est pas possible. Mais les conditions sociopolitiques indispensables conduisant à cette transformation sont très loin d’être présentes, donc il n’y a aucune menace réelle pour l’empire. Au contraire, la montée d’Obama constitue un élément important pour la stabilité sociale au sein de l’empire. Il incarne l’espoir pour la classe moyenne que l’administration sortante a appauvrie pendant huit ans au profit des riches. Obama joue son rôle de pacificateur, il a déjà invité ceux qui ont perdu leurs maisons à attendre, en promettant un futur reluisant mais tout en soulignant que cela va être dur avant ce changement. Il représente une sécurité essentielle pour le grand capital financier international et national. Déjà, la classe moyenne adhère à sa demande d’attente. Maintenant, s’il compte délivrer toutes les promesses électorales, aura-t-il le support total des riches pour ce « new deal ». Si sous l’administration de Roosevelt, les riches avaient une patrie d’indentification ou le sentiment d’appartenance, les choses ont beaucoup évolué pendant ces derniers 70 ans. Les riches s’identifient exclusivement à leurs capitaux éparpillés sur tout le globe et non à une bande de terre. C’est l’un des effets probants de l’impérialisme outrancier: le nationalisme s’est affaibli et a été sacrifié au profit de l’intérêt et profit individuels. Voila l’héritage du nouveau président Barak Obama. Barak Obama Barak Obama a, comme par magie, effacé Hillary Clinton des primaires, pour gagner le ticket du parti démocrate comme candidat à la présidence, pour ensuite faire une bouchée du rival républicain aux élections nationales, le sénateur John MC Cain. Pour réaliser une prouesse pareille dans une société aussi conservatrice que celle des Etats-unis, il faut en soi des qualités singulières dépassant les traditions. Obama est grand orateur, il respecte les règles traditionnelles d’une campagne électorale américaine, affirmant sa personnalité inspiratrice de changement et proche des jeunes. Fils d’un immigré africain et d’une blanche américaine, il a su se frayer un chemin à travers le monde blanc jusqu'à s’imposer et effacer ce « complexe de nègre » qui a souvent tenu à distance les noirs les plus cultivés et intelligents de l’Amérique. Il est irrésistible, beau comme lui seul, et par-dessus tout, il rassure. Sans négliger sa confiance en lui-même. Si Herbert Marcus était vivant, il verserait aussi des larmes comme Jessy Jackson en ce mémorable jour du 4 novembre 2008, lors de l’adresse victorieuse d’Obama à Chicago. Obama a pu, par un je ne sais quelle magie, réuni en une majorité écrasante tous les libéraux à sa candidature, même ceux qui différaient d’opinion avaient promis de se taire. L’ambiance était semblable à celle du 16 décembre 1990 en Haïti, la seule différence est que le peuple haïtien était plus conscient du risque encouru en votant le prêtre des pauvres à la présidence. L’avenir allait lui donner raison, car sept mois après, les sbires militaires avaient repris le pouvoir pour assassiner cinq mille âmes. Bref, le niveau de conscience du peuple haïtien a toujours été plus élevé que celui du peuple américain. Ni Christ, ni Fidel Jésus-Christ et Fidel Castro, deux hommes qui ont marqué l’histoire de l’humanité, l’un plus pragmatique que l’autre, mais symbolisant en eux l’espoir d’un grand humanisme et le désir d’un autre monde plus équitable. Obama n’est ni l’un, ni l’autre, mais mobilise les adeptes de ces deux tendances. Obama représente la fierté d’un groupe anthropologique qui a subi les calamités de l’esclavage et du lynchage quotidien, hier encore. Son ascendance à la présidence est perçue comme une révolution par les damnés de la terre, qu’ils soient en Amérique ou en Europe. Pour la majorité des Noirs américains, il n’y a plus de plafonds au-dessus de leurs têtes, en ce sens c’est une revanche de l’histoire. Pour d’autres, la surprise est si grande qu’ils n’arrivent pas à le croire et décident de jouer aux imbéciles jusqu'au vingt janvier 2009, date inaugurale du nouveau président. Certainement, la sociologie politique américaine va subir des changements énormes, les jeunes loups (noirs et blancs) qui jusqu'à présent étaient attirés par la fortune, vont réexaminer leur participation dans la politique. Donc, l’ancien monde de la politique américaine est menacé de la possibilité de l’émergence d’une nouvelle classe politique avec des idées nouvelles. Obama symbolise cet espoir. En 1998, lors de la coupe du monde de football organisée en France, l’Europe avait déjà goûté les délices du triomphe français avec une équipe plurielle, composée majoritairement de noirs. Tous étaient descendus dans la rue pour fêter la victoire de l’équipe nationale sans exclusion de races. Aux Etats-Unis, la liesse du soir du 4 novembre était similaire, ce qui porte à penser sérieusement à un potentiel changement à propos de la vision de l’homme par l’homme. Barak Obama incarne cette vision, ce qui est honorable. Cependant, la domination impériale va au-delà des préjugés traditionnels. Qu’on soit blanc, noir, jaune…l’essentiel dépend du groupe social vers lequel sont favorablement orientées les actions politiques, sociales et économiques d’un chef d’Etat ou d’un régime politique. La force de l’impérialisme est dans sa capacité à se réinventer, s’adapter pour se réimposer plus tard, en poursuivant le seul et unique objectif, l’exploitation. Jésus-Christ a dit dans l’un de ses cris, « je ne suis pas venu pour unifier, mais pour diviser ». A savoir, qu’il n’y a pas lieu de mélanger de l’huile avec de l’eau. Barak Obama veut réaliser cette entente entre les classes subissant les coups de grisou de l’exploitation et ceux qui le perpétuent. Impossible équation ! Les libéraux ou hommes de gauche de la société américaine ont entonné le refrain Obama comme ceux-là dépourvus de formation politique et idéologique. Ils souffrent passionnément du besoin d’un leader ou d’un mouvement populaire capable de rétablir la balance idéologique éclipsée de l’après guerre froide. En guise de prioriser l’organisation pour arriver à cette fin, ils se mettent plutôt religieusement à l’écoute de l’actualité internationale, afin de pactiser avec des mouvements ou leaders de masse en gestation. En 1990, c’était Jean B. Aristide, pour en arriver éventuellement jusqu’à Hugo Chavez. Ils sont avides d’un héros. Obama est celui du jour ; comme pour un plat on se met à table, sans se soucier de la saveur et du goût, on rit on chante et on se nourrit. Quand le peuple sera déçu de l’orientation politique, économique, sociale et idéologique du gouvernement, on se réunira pour protester comme d’habitude. Mais on aura oublié que le leader n’avait jamais promis de transformation sociale en faveur de la majorité, parce que tout simplement il n’était pas dans la lignée d’un Fidel Castro, cela ne faisait pas partie de son agenda. Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer, a-t-on dit. Obama est de cette catégorie, il est le produit d’une soif proche de la luxure, rendant déraisonnable et irréaliste les progressistes du monde entier. Je mets en garde les illusionnistes, les grands aventuriers et les « étapistes » qui peuplent la faune politique. Obama ne va pas résoudre les problèmes des exploités des Etats-Unis ou du monde, déjà il est mal parti en se piégeant d’innombrables fois au cours de sa trop longue campagne électorale. Barak Obama a été frappé par la longueur de la campagne électorale, d’une part contre Hillary Clinton et d’autre part contre John Mc Cain. Pour tenir ses partisans en haleine, il doit sortir de temps en temps de nouvelles idées de sa caboche. Ainsi, il est astreint à faire des promesses rassurantes aux groupes qui doutent de son allégeance au grand capital financier international ou tout simplement au statu quo ante. Obama s’est piégé avant même sa prestation de serment : 1- Obama n’est plus à l’offensive, l’agenda de changement promis est vite relégué au second plan. Il doit gouverner au profit de l’alliance judéo-chrétienne pour se distancer de l’épithète islamique collé à sa peau. Le poids du lobby juif dans la balance de la politique américaine est unique dans toute l’histoire de l’humanité. Aucun groupe minoritaire n’a jamais influencé les décisions politiques d’une nation autant que les juifs le font aux Etats-Unis. Ils sont présents dans toutes les avenues du pouvoir, exécutif, judiciaire et surtout législatif, en passant par les gouvernements locaux. L’église chrétienne représente le fer de lance de l’offensive juive à la conquête du pouvoir en Amérique. Donc, la politique étrangère d’Obama sera perçue en fonction d’une approche très kissingerienne consistant à défendre l’intérêt d’Israël exclusivement au conflit du Proche-Orient. 2- Au cours du dernier débat télévisé contre son adversaire John Mc Cain, Obama a commis une gaffe lorsqu’il a osé déclarer qu’il entend mettre de l’ordre dans l’économie en redistribuant les richesses nationales. Ce qui avait apporté de l’eau au moulin de son adversaire républicain qui n’a jamais caché son choix idéologique à rendre les riches plus riches. Pour démontrer sa bonne foi, il doit à tout prix exprimer son entêtement à sauvegarder les privilèges des riches pour éviter la perception communiste à son égard. Aux Etats-Unis, dès qu’on parle de distribution de richesse, tous les regards se tournent vers la source de tels propos, y ompris même ceux qui n’ont pas un sou. 3- L’administration de Barak Obama est contrainte de faire la guerre. La perception de faiblesse et de lâcheté que les « warmongers » se font des dirigeants démocrates est très active dans les esprits de chaque américain, y compris les plus érudits. L’absence de formation et de complicité militaire constitue pour lui un problème sérieux. Pour effacer cette perception de commandant en chef faible, il poursuivra les guerres en cours et allumera de nouveaux foyers pour faire crépiter les armes. D’ailleurs, un empire n’opère jamais efficacement sans une redoutable armée pour la conquête et la défiance. Bill Clinton, l’ancien président américain, sait exactement de quoi il retourne. N’ayant pas été à l’école militaire, il a dû prouver à son peuple qu’il est un homme fort, il a ses petites guerres à son actif aussi, en dépit de sa position antérieure contre le guerre du Vietnam. 4- L’une des plus agressives attaques contre Obama est son manque d’expérience. Tous les candidats l’ont utilisée contre lui pendant toute la campagne électorale, les gens ordinaires conservant cette même réserve à son endroit. Pour se frayer une sortie, il a puisé dans le même établissement pour se former un gouvernement. C’est le clitonisme sans Bill Clinton (sa femmes est là de toute façon), puisque une grande majorité des cadres de celui-ci compose le cabinet d’Obama de bas en haut. Il a pu masquer cette défaillance technique. Ajouter à cela le fait qu’il ait conservé à son poste l’ancien Secrétaire d’état à la défense, Robert Gate. Pour d’innombrables américains, il semble qu’on deviendrait commandant en chef après s’être formé à une école à ce destinée. Drôle de conception. Mes souhaits au nouveau président L’ascendance d’Obama à la présidence marque un tournant historique majeur dans les relations entre les races aux Etats-Unis et projette une nouvelle approche conceptuelle du futur. Les Européens prennent note. Définitivement il y a quelque chose qui est en marche vers le changement au niveau des races. La nouvelle génération de femmes et d’hommes semble se démarquer de l’héritage ancestral ou familial. L’incompétence n’est plus perçue sous un angle épidermique, l’échec n’est pas innée à une race, mais il est dans l’homme, ainsi se perpétue l’histoire. C’est une avancée spectaculaire, cependant cela ne suffit ni pour soulager les souffrances des peuples, ni pour mettre fin aux multiples convulsions du monde. Ce qu’il faut abolir c’est le type de rapport entre les hommes, en commençant par mettre fin au système d’exploitation de l’homme par l’homme. Obama, premier noir à la tête de la plus grande puissance du monde, sera au service des riches comme les autres avant lui. Le vrai pouvoir est entre les mains de ceux qu’on ne voit pas, mais qui dictent leurs lois aux citoyens du monde. Je rappelle que quatre (4) anciens présidents américains ont été victimes d’assassinat dans l’histoire, Abraham Lincoln en 1865 ; James Garfield en 1881 ; William Mckinley en 1901 ; John F Kennedy en 1963. Mes souhaits les plus sincères de réussite au nouveau président des Etats-Unis d’Amérique, Sir Barak Hussein Obama. Joel Léon

1986-2006, 20 ANS DE VIOLENCE DE CLASSE EN HAITI

1986-2006, 20 ans de violence de classe en Haïti. par JOEL LEON La "chose" colonisée devient homme Etre responsable dans un pays sous-développé, c'est savoir que tout repose en définitive sur l'éducation des masses, sur l'élévation de la pensée, ce qu'on appelle trop rapidement la politisation. Il s'agit pour le tiers-monde de recommencer une histoire de l'homme. La décolonisation est véritablement création d'hommes nouveaux. Mais cette création ne reçoit sa légitimité d'aucune puissance surnaturelle. La chose colonisée devient homme dans le processus même par lequel elle se libère. Frantz FANON (Citation) . Le coup d’état du 30 septembre 1991 a changé irréversiblement chez les masses la conception innocente du pouvoir politique et son maintien en Haïti. Ce coup était stupide en soi, les arguments mensongers présentés par les putschistes allaient accélérer un processus lent qui remettait en question la vision infantile du pouvoir. Ainsi, les réflexions politiques autour du coup ne se faisaient plus seulement a partir d’un angle intellectuel et académique mais aussi au niveau des « petits leaders » des organisations populaires, c’est-à-dire a partir du vécu réel. Le processus a pris le temps de mûrissement qu’il faut jusqu'à sa formulation sous forme de loi, à savoir que, les armes sont nécessaires pour le maintien d’un pouvoir issu des masses. Les leaders connus se mettent aussi à inventer des formules d’exercice du pouvoir en situation hostile, ou la lutte des classes a atteint parfois des stages de rupture sociologique dramatique. Le coup de 1991, dans sa phase théorique et pratique, a été durement subi par la base du pouvoir déchu, et ceci a provoqué dans ce milieu de façon consciente ou inconsciente le désir de reformuler « Vox populi vox Dei » en une équation plus simple qui lui est favorable. Le coup a chambardé toute une croyance véhiculée depuis toujours dans les milieux populaires. A savoir que la vertu de la démocratie est supérieure à tout système politique jamais expérimenté auparavant. La violence est exclue sous toutes formes, c’est l’empire des lois et du dialogue. Mais quand en deux occasions l’ambiance démocratique est brutalement interrompue par les armes sous les ovations de ceux-la même qui s’autoproclamaient garant de la suprématie du pouvoir civile sur les forces armées. Alors on commence par interroger les discours vibrants sur la démocratie qui ne sont rien qu’un tissu de mensonges. Dans un temps record, le proverbe « Bayonet se fe konstitisyon se papye » est réapparu dans toute sa splendeur et nous a replongé dans la vendetta du temps des baïonnettes. QUEL EST LE SECTEUR RESPONSABLE ? Il y a un groupuscule sociologique dominant qui exerce un contrôle total sur toutes les richesses mondiales et utilise abusivement la force comme expression de communication avec l’autre groupe dominé, communément appelé pauvre. Cette situation ne date pas d’hier. Ainsi, Douglas Porch, a déclare que « L’impérialisme est d’abord un phénomène militaire ». Puisque aucun empire n’a pris naissance sans l’utilisation souvent aveugle des armes contre les plus faibles à des fins de domination. Les armes représentent un atout indispensable à toute prétention de domination et ceci de tous les ages. Les empires Mongol, Romain, Anglais, Français et, en dernier lieu Américain sont tous prisonniers de leurs capacités militaires. Les groupes sociaux qui exercent la domination au sein des nations le font au moyen exclusif des armes, appuyés par les mass media et d’autres outils culturels d’envergure. Haïti n’est pas épargnée par cette réalité de domination des riches. Les dates du 30 septembre 1991 et du 29 février 2004, sont deux expressions fidèles du comportement des riches face à un pouvoir jugé trop indépendant. Au moyen des armes ils ont renversé l’ordre établi. Sans tenir compte de la légitimité du pouvoir, ignorant le respect du processus démocratique ni du vote qui a lieu. La classe dominante est sourde aux discours démocratiques qu’elle a véhiculé depuis le temps des temps, parce que leur intérêt immédiat est menacé. En d’autres termes la classe dominante haïtienne est responsable de la violence commise en Haïti parce qu’elle est la première à l’avoir allumée. Les leçons de ces 2 coups ont vérifié des thèses historiques révolutionnaires indiscutables, à savoir qu’il n’y a pas de dichotomie entre le destin populaire et les armes sous le leadership d’une structure organisée. La prise de la Bastille n’aurait pu être possible si c’était pas l’apport des 60 soldats et 4 pièces de canon contraignant Marquis De Launay à rendre la Bastille et sa personne. Les idéologues de la doctrine dominante savent très bien le rôle des armes dans un processus politique. Le monopole de la violence est la clé qui sécurise le pouvoir. De ce fait ils ont développé une tendance dans les milieux pauvres qui consistent à diaboliser le porteur d’arme qui n’est pas un Fidel du statu quo. Afin d’avoir le contrôle exclusif de son utilisation au besoin contre ceux qui exigent des explications et posent des questions trop pertinentes. la classe dominante haïtienne est responsable de la violence commise en Haïti. Les peuples sont les victimes des actes de violence par les armes depuis le monde est monde. De rares fois que le génie du peuple s’en est approprié pour défendre sa cause, l’histoire lui a toujours garanti la victoire. Et on a trouvé toutes sortes de raisons pour condamner ce comportement. Les épithètes sont tombées à flot, bandits, voleurs, assassins, terroristes…Mais quand Raoul Cédras a massacré 5000 personnes pendant 3 ans de coup d’état, Jimmy Carter l’avait qualifié de combattant de la liberté. De 1986 à 2006, 20 ans de répression sauvage pratiquée par les bandits des hauteurs ayant compilé de fortes sommes pour que l’armée massacre nos femmes, nos hommes et nos enfants. La presse et la communauté internationale se sont majoritairement restées muettes assistant à la mutilation. Les riches en Haïti ont initié la violence de ces vingt dernières années avec les massacres de fort-dimanche, Piatre, de Jean-rabel et j’en passe. Après le 29 février 2004, ils entendaient rééditer la répression de l’après coup d’état de 1991. Cette fois ils se sont heurtés au génie du peuple qui l’incite à se défendre, le dechoukaj préparé n’est pas possible parce que « chat konnen rat konnen, barik mayi a ap rete la ». Cette nouvelle réalité politique explique l’énervement que l’on constate au niveau des riches et des individus de la classe intermédiaire en perpétuel transfert de classe. La question du désarmement. Nous devons être clair là-dessus, trop d’armes sont en circulation en Haïti. Il faut un réel désarmement, c’est-à-dire englobant tous les secteurs qui se sont impliqués dans les événements violents qui ont emporté le régime Aristide-Neptune. A commencer par les rebelles qui conservent leurs armes et déclarent n’être pas prêts à les livrer aux autorités constituées. Les autorités légitimes doivent faire preuve de responsabilité en abordant le problème avec équité et sérénité. Les appels aux meurtres des dirigeants ne vont pas calmer les tensions ni convaincre les hommes à déposer leurs armes. L’important il faut qu’on procède à un désarmement simultané des groupes armés sans parti-pris. Il faut les mettre en confiance à travers un projet de loi d’amnistie générale par l’exécutif et entériné par le parlement. Les fonctionnaires institués avec l’aide de « Haiti project democracy » doivent être demis de leurs fonctions, tels que, Mario Andresol, Claudy Gassant…Et nommer de nouveaux citoyens qui peuvent « Penser la politique sans penser politiquement ». A partir de ce moment, le rôle de la MINUSTAH deviendra inutile, la sécurité sera rétablie et garantie, les forces d’occupation n’ont qu’à vider les lieux immédiatement sous la demande du président de la république. Les masses populaires accèdent au pouvoir pour y rester. Les masses populaires accèdent au pouvoir pour y rester. Docteur Yves Jérôme, de regrettée mémoire, a dit un jour que, « le problème de la classe traditionnelle du pouvoir d’état en Haïti est que les masses, après avoir goûté au pouvoir veulent s’y accrocher définitivement » (zonbi ki goute sel pa mande rete). Cet engouement politique met fin aux espoirs des classes dominantes et politiques mafieuses quant à la possibilité de reprendre possession du pouvoir. Cette option claire va contribuer au renforcement de la position radicale chez eux les forçant à embrasser la violence comme recours permanent. Ce sont les massacres du 29 novembre 1987, ceux du coup d’état de 1991 financés par les riches et la rébellion des anciens militaires qui ont développé la conscience d’autodéfense chez une partie du peuple. Pour que Haïti soit dépouillée du spectre de la violence, il faut d’abord que les riches cessent d’utiliser leurs fortunes à des fins exclusives de coup d’état et à l’installation de régimes autoritaires, mais de préférence à créer des emplois à partir d’investissements massifs, à manifester leurs sentiments patriotiques et à honorer l’histoire nationale. La violence a toujours entraîné des réactions déchaînées, « Le bourreau d’aujourd’hui peut être la victime de demain ». Donc, travaillons pour la paix en optant pour les méthodes correspondantes, toute action contraire ne fera qu’attiser le climat de la violence. La situation actuelle d’Haïti est l’aboutissement logique des effets de 20 ans de pratique violente d’une classe (riche) contre une autre (pauvre), ayant le dos au mur les masses victimes n’ont d’autres choix que d’imposer l’autodéfense. La violence endémique complique et hypothèque l’avenir d’une nation et son peuple. Ceux qui ont allumé la mèche de la violence doivent faire leur « mea culpa » et jurer de ne plus la rallumer, ainsi le pays connaîtra des jours plus sympathiques que ceux d’aujourd’hui. Joel Leon

NECESSITE D'UN PLAN MARSHALL POUR LES CARAIBES

NECESSITE D’UN PLAN MARSHALL POUR LES CARAIBES. Joël Léon La république d’Haïti s’identifie d’abord a l’agglomération caribéenne avant de faire partie du Continent Américain. En tant que nations distinctes, nous entretenons d’excellentes relations fraternelles entre Antilles, liees par nos solides liens historiques, socio-culturels et geographiques. Nos fascinantes similitudes touristiques etonnent les connaisseurs tout en presentant un defi de taille en termes d’identification exacte pour plusieurs qui nous confondent entre nous, les vingt Pays caribéens. Dans l’ensemble, ils représentent 230 000 km² de terre émergée, pour plus de 35 millions d'habitants sans compter leur diaspora respective. En plus de notre clement climat et notre dense flore et faune, nous offrons deux avantages naturels que seuls, nous des caraïbes, connaissons le secret. Malgre notre longue histoire mouvementée, certes, notre etonnante cohabitation pacifique notoire, aucune guerre n’est enregistrée entre les caribéens, donc le malaise de rancœur apparent n’est qu’un ecran de fumee fomente par les puissances colonialiste en passe de division. L’invasion de la Grenade (Pays Caribbeen) le 25 octobre 1983, fut l’œuvre des Etats-Unis d’Amérique dans sa guerre froide contre l’influence cubaine et leur determination de perpétuer la doctrine Monroenne. Les états caribéens qui avaient participe dans cette mascarade de guerre injuste servaient tout simplement de fer de lance aux decisions de l’administration américaine de l’époque, (Ronald Reagan). Donc, toutes les conditions sont réunies pour débattre et élaborer dans l’unité un programme de développement économique et de modernisation technologique à soumettre aux Etats-Unis d’Amérique, le tout puissant voisin du nord. Le 5 juin 1947, General Georges Marshall, ministre des affaires étrangères des Etats-Unis de l’époque prononça un discours a l’université Harvard, dans lequel il a énonce le futur de l’Europe, détruite par la seconde guerre mondiale. De la est ne, le fameux « Plan Marshall ». D’après Daniel Vernet, « En cinq ans, de 1947 à 1951, les Américains apportèrent aux Européens quelque 14 milliards de dollars - environ 170 milliards de dollars actuels ou 125 milliards d'euros - sous forme de dons et de prêts ». Cette aide gigantesque a permis aux caucasiens de l’Europe de reconstruire les infrastructures indispensables au développement des états dévastés par la guerre. Le plan Marshall, du coup, a consacre l’émergence américaine au niveau mondial et étend incontestablement son empire. Plus de 60 ans après, l’Europe reste reconnaissante a l’Amérique. Et, ceux qui sont nés après la guerre ont récolte les fruits de ce plan qui se sont étendus a tous les états de l’Europe occidentale, pendant près de vingt ans a l’ensemble des pays de l’ancien bloc de l’Est. Beaucoup d’analystes pensent que le plan Marshall n’est rien d’autre que l’expansion de la doctrine de Monroe, cette fois avec des prétentions mondiales. Le 2 décembre 1823, le président James Monroe au cours d’un discours prononce à l’endroit des européens, définissait les grandes lignes de la diplomatie américaine pour les siècles a venir. Desormais, les Etats-Unis jouaient le rôle spécial d’accapareur dans cette stratégie, « L’Amérique aux américains ». Curieusement, ils vont s’identifier à tout le Continent au mepris des puissances Europeennes et leurs naturels clients. En 1854, cette doctrine allait prendre corps pour perturber la vie des peuples du continent, indefiniment. Les Etats-Unis, l’ange gardien des états du continent américain, ont inaugure la une politique et le tutellage des états américains. Même si des patriotes, tels que : Jose Marti, Rosalvo Bobo, Farabundo Marti, Sandino…ont menace l’établissement de l’ordre américain, mais globalement la doctrine de Monroe a atteint son objectif de domestication. Cependant, les états de l’Amérique, en particulier ceux des caraïbes, qu’est ce qu’ils ont bénéficie de cette domination sans partage ? LA CARAIBE ET LES INTERETS AMERICAINS. Les Etats-Unis ont toujours participe à toute initiative concernant cette région morcelée. Un spécialiste de la stratégie explique l’intérêt du gouvernement américain à s’intéresser dans la vie globale de la caraïbe pour trois raisons. Raison stratégique. Les Etats-Unis participent dans les affaires caraïbes dans le souci de « Stabiliser sa frontière sud ». Ouverte sur l’océan atlantique elle constitue une porte d’entrée et de sortie facile. Le canal de Panama, a aussi joue un rôle important dans la conception stratégique et militaire des Etats-unis, ajouté à cela, la proximité du Belize, de l’Aruba, du Curaçao… à l’Amérique du Sud (Venezuela). Donc, la caraïbe est stratégiquement plus importante aujourd’hui que jamais, surtout face a la montée de l’influence Vénézuélienne dans la cone sud et la tentation « populiste » de certains régimes, un passage rapide et direct est essentiel a sécuriser. La guerre au terrorisme international, déclarée après les attentats du 11 septembre, constitue l’élément a la mode de l’intérêt américain pour cette sous région. Les rapports des centres stratégiques du gouvernement Etats-Unien sont concordants quand à la possibilité d’utiliser les états économiquement faibles, tels qu’Haïti (pointe du doigt), comme point d’entrée des terroristes aux Etats-Unis ayant des objectifs purement criminels. Une remontée économique de cette dernière devrait faire partie intégrante de la stratégie globale américaine afin de réduire le taux de misère dans lequel végète 85% de sa population. Rappelons que cette derniere condition offre un terrain idéal et fertile pour l’implantation et l’epanouissement du radicalisme tout azimut, particulièrement islamiste, donc une raison valable pour le puissant voisin d’investir a contre-courant. RAISON ECONOMIQUE. Le système capitaliste cesse de concevoir l’être humain comme un élément de la nature bénéficiant de l’intelligence pour créer, penser et reflechir, mais simplement vu, comme un potentiel consommateur ou pis encore, une marchandise. Le Continent a une population de 800 millions d’habitants, dont un nombre imposant de souche caribéenne. Ceci dit, la caraïbe est perçue comme un marche potentiellement valable méritant d’être envahi de produits de toutes sortes. D’où le second intérêt américain qui, depuis plus près d’une vingtaine d’année, jalousement contemple la percee commerciale Asiatique dans la région et un arrogant retour européen a travers des initiatives d’investissement coordonnées par L’OCDE. Pour palier a ce manque a gagner, plusieurs tentatives de domestication totale du continent par biais des dociles états caraïbeeens ont été prises et ceci depuis les années 60 a travers la formation d’organisations d’échange et d’intégration régionales. Bassin caraïbes, en 1973, création de la CARICOM (communauté et marche commun des caraïbes) avec 15 états. En 1981, la création de l’OECS avec & états. En 1983, initiative bassin caraïbes CBI. En 1994, création de L’AEC (organisation des de la caraïbe) réunissant 25 états. En 2007, Tentative de renforcer le rôle de la diaspora caribéenne aux Etats-Unis dans le développement de leur pays respectif. Dimension continentale ou régionale. Le groupe des 3 en 1992. ZLEA, zone de libre échange des Amériques en 2005. Pacte Andin MERCOSUR en 1991. Les sommets des Amériques en 1994 à Miami, Florida, à Santiago du chili en 1998, et au Québec, Canada en 2001 Bien que tous ces efforts présentent diverses façades benefiques, mais ils se donnent la main pour renforcer l’influence économique, politique et stratégique des Etats-unis. Malgré la création de toutes ces organisations régionales ou continentales, on est unanime au constat du bilan trop faible de réalisations concretes. Les unes se sont auto-dissoutes en quelques années, tandis que d’autres marginalisées deviennent tout simplement inoperationnelles. Avons-nous besoin d’autres organisations de colloques pour favoriser le développement économique et technologique de la région caribéenne ? RAISON CULTURELLE. La région caribéenne a des particularités culturelles très ancestrales à l’Afrique. La dernière langue romane, d’après le professeur Gérard Etienne, le créole, a pris naissance dans le bassin des caraïbes. Le reggae une musique dansable conquérante menace meme la tour d’ivoire caucasienne, sans négliger la salsa, la religion catholique romaine, quoique occidentale, est influencée par les rites africains jusque dans le cœur. Donc, l’envoi d’experts caribéens qui ont étudie dans les plus grandes universités américaines et occidentales représente un atout majeur dans la politique sociale de déculturation massive. D’où le pourquoi du dernier colloque de Washington, les universitaires d’origine caraïbeenne doivent promouvoir le développement économique de leur Pays d’origine, le progrès social et l’acculturation, mais sous un angle occidental. Soit dit en passant que nous ne pouvons refuser l’aide de nos propres fils éloignes aux Etats-Unis et en Europe, ils doivent être les bienvenues, et ils le seront. Toutefois, ils n’ouvriront pas les entrailles de ce que nous sommes pour introduire les « valeurs occidentales », ce ne sera pas permis. NO MORE COLLOQUES. Plus de 50 ans se sont écoules, la structure caribéenne productive telle que connue n’a pas véritablement change. Nos produits locaux, rhum, sucre, les juteux fruits et la banane constituent en majeure partie notre exportation. Le tourisme, très florissant dans certains endroits et decadant dans d’autres, est le seul élément durant ces 50 dernières années qu’on pourrait mettre à l’actif du neo-liberalisme. Cependant, avec des maux de toutes sortes qui ont change radicalement les sociétés caribéennes. L’article de Jean-michel Caroit dans le monde du 31 mai a mis a nue la violence ( liée a la drogue) qui déchire la région et le SIDA ( marche du sexe) qui fait rage, deux conséquences directes de l’industrie touristique. Donc, le dernier show Washingtonien en date du 20 juin ecoule, fait partie des exercices vides pour la consommation des curieux et la galerie. Le rapport signe par l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement de la caraïbe a un arome de déjà vu et entendu. Contrairement aux autres fois, on a mentionne le nom du bienfaiteur, en l’occurrence Mr George Bush, dans le point 6 du rapport. Un autre point est consacre a la lutte contre le terrorisme qui, d’après certains constitue la pierre angulaire de ce colloque. La passive allégeance de ces dirigeants caribéens est un gifle pour les progressistes de la région aspirant a plus de marge de manœuvres pour leurs peuples. Pour répondre à la question posee plus haut concernant les bénéfices tires de la domination sans partage de la région par les Etats-Unis, je dirais que la région est tout simplement ignorée économiquement. Notez que les états de la région ont toujours suivis a la lettre les dictées américaines, ils ont affiche une solidarité sans faille avec l’Amérique et l’ont toujours approvisionne en fruits, café, sucres, rhums… Pendant la 2e guerre mondiale, Haïti, ayant Elie Lescot comme président, fut parmi les premiers états a déclarer la guerre aux puissances de l’axe en solidarité avec notre puissant voisin et a consacre une bonne partie de la production nationale au service des allies en guerre. Je vous jure que les benefices de ses transactions et sacrifices sont incompris et inappréciés. Pourquoi les Etats-unis traitent-t-ils la caraïbe de cette façon ? Certains pensent que la raison est d’ordre ethnique, la région est peuplée majoritairement de noirs et malgré les longues années esclavagistes et colonialistes, les peuples caribéens ont toujours en commun des traits ancestraux infranchissables. Tandis que d’autres font état de préférence de l’incapacité des élites régionales, ils n’ont pas su créer un mouvement autonome caribéen pour porter les américains a apprécier matériellement les services rendus. La deuxième position est plus plausible a mon avis, sans pourtant nier l’interprétation raciale. UN PLAN MARSHALL POUR LES ETATS CARAIBEENS. La coopération du Pakistan en 2001 dans la lutte contre les terroristes d’Al-qaida et les Talibans est richement payante (3 milliards de dollars par an). Les états qui participent depuis 2003 aux forces de la coalition en Irak ont aussi gagne gros en contrats bidons et la multiplication de nouveaux riches regionaux et locaux. Il est temps que les dirigeants caribéens changent cette stratégie d’enfants dociles pour défendre les intérêts supérieurs de leurs peuples. Pour cela les dirigeants progressistes du bloc caribéen doivent entrer en concertation pour demander aux américains de mettre en branle un second plan Marshal (ou n’importe quel autre semblable) pour les états caribéens. Ce qui consisterait à moderniser les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, l’introduction des technologies modernes dans le fonctionnement des administrations publiques et privées comme dans le système éducatif. La république d’Haïti doit jouer le role de leader de ce mouvement en tant qu’état le plus ancien, truffe de cadres. La mise en place et l’application de ce plan seront les conditions indispensables d’allégeance de la région au projet américain pour le 20e siècle. Les états caraïbeeens doivent réunir les plus compétents de leurs experts en vue de conceptualiser, débattre et présenter un document de travail comportant les méandres socio-économiques de la région. Le tourisme est une industrie trop fragile pour qu’on bâtisse là-dessus des projets sérieux à long terme, n’importe quelle récession économique du monde occidental peut basculer et vassaliser ce secteur de service (industriel). Nous avons besoin de développer d’autres centres de productions industrielles et technologiques dans la région. C’est une façon de diminuer la dépendance régionale et jouer un rôle nouveau de régulateur de conflits a défaut de pouvoir s’imposer stratégiquement et militairement. La république souveraine d’Haïti doit assumer le leadership pour réunir tous les chefs d’état et de gouvernement de la région en vue de présenter a Washington ce plan économique et social semblable au plan Marshall duquel on a pu reconstruire l’Europe occidentale après la 2e grande guerre. Les colloques ne changeront pas les problèmes que font face les peuples des caraïbes, ni l’envoi massif d’experts caribéens/americains, ce qu’il nous faut c’est une initiative caribéenne dans laquelle est formulée les méandres socio-économiques de la région. Joël Léon Journaliste

SALVADOR ALLENDE,L'EXEMPLE DE FIDELITE AU PEUPLE

Salvador Allende, l’exemple de fidélité au peuple Par JOEL LEON Depuis neuf ans, l’humanité commémore deux dates fatidiques. La dernière en date est celle du 11 septembre 2001, lorsque des terroristes avaient transformé quatre avions civils en missiles pour détruire les deux plus grands symboles économiques et militaires des Etats-Unis d’Amérique, le «world Trade center » et le « Pentagon », pour ainsi dire le monde occidental. La première date de trente sept ans et ce fut au Chili le 11 septembre 1973, quand l’oligarchie locale chilienne alliée, aux forces impérialistes, téléguidées par Washington, mit fin a l’expérience progressiste et sociale unique de ce pays andin. Je me rappelle cette première fois quand j’ai assiste a la projection du film « Il pleut sur Santiago » et qu’on débattait du coup d’état chilien en Haïti en 1986, après le départ forcé de Jean-Claude Duvalier du pouvoir. C’était fascinant, et déjà la perspective de la répétition de ce qui s’était passé au Chili me hantait l’esprit. Très jeune, je répondis à l’invitation, soit de la « Fédération nationale des étudiants haïtiens » FENEH, soit de l’ « institut mobile d’éducation démocratique » IMED, que dirigeaient les militants d’alors, Victor Benoit, Michel Soukar etc. pour participer a la projection d’un film sur le coup d’état militaire chilien qui sera suivi d’un débat. Des centaines de jeunes répondirent à l’appel, au sein du collège Jean Price Mars, les voix des résistants pour la nouvelle Haïti résonnaient en nombres suffisants, forçant la réaction au bavardage. Il s’agissait du film « Il pleut sur Santiago », je n’oublierai jamais ce jour-la, ni le titre de ce film. Venceremos, venceremos, venceremos ! Nous vaincrons, était sur toutes les lèvres, pendant que l’armée d’Haïti patrouillait les rues adjacentes. Apres le départ des Duvalier, le département d’état avait remis le pouvoir aux forces armées d’Haïti sous prétexte qu’elles étaient la seule force institutionnalisée du pays, en fait la seule capable de garantir la continuité du statu quo. Les masses, sous la direction des organisations populaires et de certains intellectuels de gauche, rejetaient le « duvaliérisme sans Duvalier » imposé par Washington. La situation d’Haïti était similaire d’avec celle du Chili de Salvador Allende sur beaucoup de points. Les militaires parachutés au pouvoir s’étaient vite transformés en bourreaux du peuple haïtien. Ils véhiculaient un message réactionnaire axé, sur un anticommunisme primaire, défendant ouvertement les intérêts de l’oligarchie rétrograde. Ils installèrent un régime de terreur dans le pays ou la persécution politique est permanente, la torture pratiquée sur grande échelle, des cas de disparitions enregistrés, des massacres, ajouter a cela, les attaques répétées contre la presse indépendante et qui se multipliaient quotidiennement. Donc, le film « Il pleut sur Santiago » projetait notre présent et futur en tant que fer de lance du mouvement revendicatif d’avant et d’après 1986. Au collège Jean Price Mars, jeunes étudiants que nous étions, allaient prendre conscience de ce qui nous attendait à partir de notre choix politique. La répression qui s’abattait sur le Chili après le coup d’état était effrayante, arrestations et tortures dans le stade, exécutions sommaires, disparitions…tous ces actes fascistes raffermissaient d’avantage notre foi patriotique. Nous étions des romantiques, nous rêvions de la révolution, de la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, et surtout la naissance d’une société équitable. Nous entendions nous battre pour la matérialisation de ces idées. Jeunes que nous étions, ce furent nos tribulations du 11 septembre 1973 a nous en Haïti. Ce jour-la, j’écoutais parler le grand poète chilien, Pablo Neruda, qui expliquait a sa femme son mariage d’amour avec le peuple chilien et comment la lutte des classes avait atteint son paroxysme au Chili, un mariage sans divorce. Je me suis marie depuis lors avec la lutte des pauvres sur tous les coins de la terre. 24 ans après, je suis toujours resté fidèle a cet engagement militant et je m’en sens fier et m’en enorgueillis. On dirait que c’était hier ! Quand le président Allende s’adressait pour la dernière fois avant que commença l’attaque du palais national par les putschistes, ce fut de l’hystérie. Avec une voix posée, aux accents prémonitoires Allende jetait les bases de la lutte des peuples du continent par ces mots : « L’Histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu’ils nous écrasent, mais l’avenir appartiendra au Peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure ». Dix sept ans après, cette même génération qui l’écoutait parler du futur a réédite son exploit a travers les élections du 16 décembre 1990.Pendant toute la campagne électorale de cette année, l’expérience chilienne ne cessait de me hanter l’esprit, je savais pertinemment que l’oligarchie, repliée pendant les élections, allait rebondir plus tard pour récupérer l’espace politique perdu. Comme prévu, après tant de tergiversations et complots en permanence, ils fonçaient sur le jeune pouvoir. Nationalement, nous avons résisté de notre mieux, particulièrement a carrefour feuilles, la dernière poche de résistance aux fascistes de la capitale. Je pense à mon camarade militant Ely Laroque Comme le 11 septembre 1973 chilien, le 30 septembre 1991 haïtien endeuillait la nation. Nous avons perdu plus de 5000 âmes pendant les trois ans de la répression brutale. Je pense à mon ami de lutte Ely Laroque, disparu sans laisser de traces, sinon que ses quatre enfants qui l’aimaient follement. Il était le plus âgé du groupe de résistants, il symbolisait la voix de la raison contre la folie qui nous tentait, il était l’élan sage qui équilibrait nos discussions passionnées et le ciment qui collait ensemble nos divergences stratégiques. Sa disparition allait créer une fissure que nul d’entre nous n’avait pu combler. En lisant le discours de Salvador Allende sur « grand soir info », je ne pouvais m’empêcher de penser à ce distingué combattant bestialement disparu. On n’a pas érigé de bustes accompagnées de pompeux discours prononces par des officiels pour rendre hommage a son sacrifice ultime. Ses enfants et sa courageuse femme n’ont rien reçu des gouvernements qui se sont succédés au pouvoir, elles ont été oubliées parce qu’elles n’étaient filles de personne. Survivant de cette période macabre de la vie nationale, je suis la mémoire de cette génération, celle d’après 1986 qui affrontait les fusils avec les mains nues, celle qui ne reculait devant rien pour empêcher ce que nous sommes entrain de vivre aujourd’hui, l’occupation du territoire national. C’est une génération de désintéressés qui marchait des kilomètres pour publier des notes de protestation a la presse, une génération qui rêvait au grand jour, je suis fier d’avoir appartenu a ce groupe de femmes et d’hommes qui ont contribué a faire de moi ce que je suis. En ce moment de grand souvenir, j’ai une pensée spéciale pour les martyrs de ma génération, plus particulièrement Ely Laroque, victime des dérives dictatoriales des militaires en furie. Salvador Allende, un symbole vivant Je lisais que Socrate et Jésus-Christ représentent les deux plus grands sages que même la mort n’arriva à effrayer. Socrate a bu du poison de sa propre main, Jésus christ, même sur la croix, implorait le pardon pour les soldats romains qui perçaient ses entrailles « car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Salvador Allende, certain de sa mort prématurée, l’embrassa avec sérénité et tranquillité tout en exprimant son allégeance a son peuple que : « Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au peuple ». Il affrontait la mort avec un courage exemplaire, ce qui fait de lui le héros latino-américain. Lui, le premier qui a ouvert la voie des élections au peuple, de la même façon que Fidel Castro l’avait révélé 13 ans avant, que la révolution est possible dans le continent américain. Allende a démontré que les peuples peuvent gagner a travers les urnes quoique suscitant l’empire a de scandaleuses barbaries humaines. Depuis lors, les expériences se poursuivent, Jean B. Aristide avait repris le flambeau en 1991, puis ce fut le tour d’Hugo Chavez en 1994 au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie, de Raphael Correra en Equateur, de Daniel Ortega au Nicaragua… Les peuples sont en ébullition, ils décident de prendre leurs destins en main et conscients du risque que cela comporte. Désormais, du nord au sud, le système d’exploitation mangeur d’hommes est contesté dans le continent. Les luttes sociales sont de plus en plus régulières, sur fonds de crise économique ou les gouvernements occidentaux affichent leurs limites misérables à redresser la situation. Ici aux Etats-Unis, les choses s’empirent. Dans une petite ville de l’état de Géorgie, Clayton county, les autorités sont obligées de stopper tout le système de transport public utilisant l’autobus, abandonnant ainsi a leur sort plus de 8400 passagers qui l’utilisaient tous les jours. Dans Colorado Springs, les autorités municipales sont obligées d’éteindre un tiers de l’électrification des rues, soit 24512 de pylônes d’éclairage électriques pour pouvoir balancer le budget de la ville, plongeant ainsi dans l’obscurité une bonne partie. En même temps, le gouvernement distribue de l’argent aux plus riches sur toutes les formes possibles et inimaginables. Je lisais un petit journal édité dans la ville de Bucks county de l’état de Pennsylvanie, l’auteur a révélé que 9.1 milliards de dollars ont disparus en Irak et personne n’arrive encore a justifier cette forte somme. Le responsable du ministère de la défense, au Pentagone, estime que l’argent a été bel et bien dépensé, mais on n’a pas de factures disponibles. N’est ce pas risible ! En ces temps de grandes difficultés, je me réfère encore a Salvador Allende, pour dire « Allez de l’avant, sachez que bientôt s’ouvriront de grandes avenues ou passera l’homme libre pour construire une société meilleure ». JOEL LEON