Tuesday, October 19, 2010

LA MINUSTAH FAIT PARTIE DU PROBLEME, PAS DE LA SOLUTION

LA MINUSTAH FAIT PARTIE DU PROBLEME, PAS DE LA SOLUTION ! « Il est peu honorable de donner des leçons aux petites nations quand le droit est de leur coté » Louis Joseph Janvier. (Les affaires d’Haïti) Quand Roger Gaillard, grand historien haïtien, écrivait la série « Les blancs débarquent » sur l’histoire de l’occupation américaine d’Haïti de 1915 a 1934, il n’avait pas encore vu de blancs, c’est maintenant que les blancs débarquent. Mort heureusement depuis quelques années, il lui aura été épargné de constater comment que les blancs envahissent continuellement le pays, je suis curieux de voir ce qu’il écrirait aujourd’hui. De la même façon que la publication de l’effectif militaire d’une nation ne reflète jamais la réalité, dans l’Haïti d’aujourd’hui il est impossible de dire exactement le nombre de militaires étrangers qui occupent le pays. Si dans un premier temps, la presse informait l’opinion publique sur l’arrivée de nouveaux contingents de soldats et les rotations qui s’effectuaient, de nos jours ces informations ne font plus la une. Et pourtant, la population haïtienne devrait être informée en permanence des mouvements de troupes qui se font sur la terre de Jean-Jacques Dessalines. Notre terre! A la veille du renouvellement du mandat de la MINUSTAH par le conseil de sécurité, beaucoup de citoyens haïtiens s’interrogent encore sur le bien-fondé de la présence des troupes multinationales d’occupation dans le pays. Avant tout, essayons de replacer l’invasion franco-américaine d’Haïti en 2004, dans son contexte vil de pratiques impérialistes depuis des siècles. Les relations franco-haïtiennes furent inexistantes avant le coup d’état contre l’ordre démocratique de 1991. L’ambassadeur français de l’époque, Rafael Dufour, protégea le président déchu au péril de sa vie, car les militaires assoiffés de sang voulurent à tout prix la peau d’Aristide. François Mitterrand, président français de l’époque, avait la possibilité de remettre à l’heure la pendule diplomatique et de coopération entre les deux états souverains après le retour à l’ordre démocratique en 1994. Cependant, il préféra conserver le même schéma néocolonial dicté par la doctrine de Monroe, c'est-à-dire respecter la tradition de partage du monde entre zones géopolitiques d’influence. En guise d’améliorer les relations entre les deux pays, son successeur Jacques Chirac, complota avec les Etats-Unis l’invasion, suivie de l’occupation d’Haïti en 2004. La raison évoquée : le gouvernement français avait été très fâché du fait que Jean B. Aristide, président d’Haïti, réclamait plus de 20 milliards de dollars d’eux en termes de dommage et intérêt. Parce que l’état français, deux siècles auparavant, avait demandé sous forme d’ultimatum l’équivalent de cette somme pour reconnaitre l’indépendance d’Haïti. Le paiement de cette somme enferma l’économie haïtienne dans une léthargie qui la condamnée à mourir lentement. Cette lourde dette, injuste et criminelle, hypothéqua ainsi l’avenir du jeune état à peine sorti de l’enfer de l’esclavage et du colonialisme. Comment la France, le pays qui a vu naitre le père de la diplomatie moderne, en l’occurrence Clemenceau, a t elle pu commettre cette bévue vis-à-vis d’un autre état frère, dont les liens culturels et historiques datent de très longtemps. Le 1er juin 2004, après 4 mois d’occupation en duo par les militaires franco-américains, le conseil de sécurité des nations-unies vota la résolution 1542, établissant officiellement une force d’occupation internationale en Haïti. Depuis lors, le conseil doit voter régulièrement pour renouveler le mandat de la MINUSTAH, soit chaque six mois, puis un an. A cote des contingents onusiens, il ya aussi d’autres manœuvres politico-diplomatiques traditionnelles qui ne chôment pas. Les États-Unis d’Amérique se renforcent avec une conviction qui dérange, non seulement des patriotes haïtiens, mais aussi des diplomates accrédités en Haïti. Ils s’interrogent sur cette présence qui donne du vertige à d’autres états, notamment les états qui intensifient leurs présences diplomatiques et commerciales en Haïti, par exemple le Brésil. Washington a déjà eu sur le terrain l’ambassadeur accrédité Kenneth Merten qui, officiellement s’occupe des relations entre les deux pays. Ajouter a cela, il y a l’ancien président américain Bill Clinton, nommé par le secrétaire général des nations unies, Mr Ban Ki Moon, pour co-présider avec l’actuel premier ministre haïtien, la commission intérimaire de reconstruction (CIRH). Sans oublier qu’il fut nommé responsable d’une structure humanitaire par Barak Obama après le tremblement de terre du 12 janvier 2004, pour recueillir des fonds en faveur d’Haïti, accompagne dans cette tache par George Bush fils, lui aussi ancien président américain. Il y a de même Mme Cheryl D. Mills, actuel chef de cabinet du secrétaire d’état américain, Mme Hilary Clinton, très présente dans le dossier haïtien. Elle siège comme membre a part entière de la commission intérimaire a cote de Bill. La semaine dernière, le département d’état a annoncé la nomination d’un autre diplomate de carrière, Mr Thomas C. Adams, comme coordonateur spécial de l’aide américaine en Haïti. Sans négliger le fait qu’Haïti abrite la 5eme plus grande ambassade des Etats-Unis dans le monde. Pourtant, Haïti ne représente pas une entité nationale hostile aux intérêts de l’empire, n’est pas en état de guerre avec son voisin du nord, ni ne manifeste une quelconque poussée islamiste. Et, depuis des années, au haut de l’avenue du Chili, a Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, il y a un bâtiment qui est toujours sous haute surveillance jour et nuit, qui reçoit des machines en vitres fumées bourrées d’individus. Il est identifié comme une base militaire secrète des États-Unis. Selon certains habitants du quartier, des militaires en uniformes séjournent constamment dans le bâtiment pendant des jours, sans qu’on sache ce qu’ils font exactement. L’état haïtien n’a jamais fourni d’explications a propos de ce géant édifice qui domine la rade de port au prince. La presse haïtienne, elle non plus, n’a jamais agité cette question sur l’énigme épaisse qui entoure cette massive construction placée sur un point stratégique qui domine entièrement la capitale. A partir de ce moment, on est en droit d’interroger les dessous de tous ces engagements en Haïti, comme de coutume, « les puissances n’ont pas d’amis, mais des intérêts ». La MINUSTAH est dans le pays a partir du vote de la résolution 1542 du conseil de sécurité des nations-unies et de l’application du chapitre 7 de sa charte l’autorisant à mettre sous tutelle un état souverain. Officiellement, 11848 hommes et femmes en armes sont présents dans le pays, composé de troupes, d’officiers de police, de conseillers civils internationaux, de volontaires et d’employés civils. Près d’une vingtaine de pays contribuent à la formation de la mission onusienne, représentant les 5 continents du globe, les militaires sud-américains sont en majorité. Du mois de juillet à décembre, 380 millions de dollars sont disponibles pour couvrir les dépenses de fonctionnement de la force occupante. Et pourtant, le changement trompeté par les responsables internationaux s’attarde à concrétiser, malgré des milliers d’hommes en armes et des moyens financiers rocambolesques dont ils disposent. Sans vouloir présenter un bilan des réalisations de la MINUSTAH dans le pays, la situation générale n’a pas beaucoup évolué qui pourrait porter certains à parler de stabilisation qui est le rôle fondamental de la mission. Le quotidien en Haïti reste toujours extrêmement précaire. D’après des responsables internationaux, l’instabilité chronique haïtienne est la conséquence de la misère qui sévit dans le pays, qui prend la forme de coup d’état répété de 2004, de soulèvement populaire comme les manifestations violentes contre la faim de 2008 et de la tension régnant en permanence, notamment dans les milieux sociaux ou personne n’a de pouvoir d’achat. C’est une approche classique consistant à responsabiliser seulement les hommes politiques et les détenteurs de moyens de production locaux. Qu’en est-il des conséquences des politiques publiques dictées par le département d’état et des recettes économiques de la banque mondiale et du fonds monétaire international. Les politiciens locaux opèrent à partir des ramifications au sein de l’establishment américain soit au niveau du pouvoir législatif ou de la maison blanche. Parfois, des institutions incorporées à l’exécutif génèrent leurs propres lignes directrices en faisant fi de celle venant de leurs chefs hiérarchiques. On a fait cette expérience pendant les coups de 1991 et 2004. Dans le premier cas, pendant que l’administration Clintonienne exerçait de fortes pressions sur les militaires putschistes pour qu’ils vident les lieux, des responsables de la CIA et d’autres agences gouvernementales véhiculaient un discours contradictoire encourageant les militaires haïtiens à résister d’avantage. En 2004, c’était a peu près le même scenario, la ligne officielle du gouvernement américain a travers Luigi Einaudi, était de trouver une solution négociée entre le pouvoir actuel et l’opposition. Entretemps, Stanley Lucas, un employé de l’institut républicain international IRI, avait eu son propre office qui rédigeait des rapports contradictoires aux responsables républicains au pouvoir incitant les radicaux à l’action directe, c'est-à-dire l’invasion. En termes clair, Mr Lucas avait plus de pouvoir que l’ambassadeur accrédité en Haïti, Mr Thimothey, il l’avait lui-même commenté sur New York times. Pour ainsi dire, les puissances coloniales mettent le feu et, curieusement interviennent après comme pompiers pour éteindre les flammes, puis se comporter juges pour distribuer torts ou raisons et, finalement s’érigent en faiseurs de gouvernements. Quelle hypocrisie ! La mission des nations unies pour la stabilisation d’Haïti MINUSTAH, est installee dans le pays depuis plus de 6 ans. Si dans certaines régions la violence aveugle a connue une baisse ce qui a donne lieu à un calme précaire, il n’en reste pas moins que la situation globale reste inchangée. La cause fondamentale de l’instabilité dans le pays est d’abord l’immixtion continue des puissances « amies » dans les affaires politiques haïtiennes. La conséquence est que le paysage politique est excessivement polarisé et chauffé à blanc, toute tendance à la négociation est repoussée. C’est le règne infernal des armes, provenues de l’extérieur, en lieu et place de la dialectique. Donc, pour qu’il y ait stabilité, il faudrait que les puissances s’abstiennent de dicter les décisions politiques à leurs valets locaux pour s’imposer au pays contre les intérêts du peuple. Prenons par exemple ces élections projetées pour la fin du mois de novembre. L’organisation politique de masses la plus représentative du pays est écartée du processus politique, des partis de l’opposition dénoncent l’institution électorale en place comme partisane et réclament son remplacement. L’exécutif et l’international ne font pas cas de ces revendications légitimes, donc les résultats de ces élections seront encore une autre source d’instabilité. En un sens, l’international fait plus de mal que de bien parce qu’il crée les conditions pour que l’instabilité devienne chronique. La véritable solution est le départ de la MINUSTAH et du gouvernement des affaires publiques. JOEL LEON

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