Tuesday, February 24, 2015

Sida: la contamination par le VIH évitée grâce à un médicament

Sida: la contamination par le VIH évitée grâce à un médicament

Mots clés : SidaTruvada
Par figaro icondamien Mascret - le 24/02/2015
Associée aux conseils habituels de protection, la prise de Truvada avant et après un rapport sexuel réduit de 86 % le risque de contamination, selon l'essai Ipergay.
La présentation, ce mardi, des résultats de l'essai français Ipergay restera l'un des temps forts du congrès annuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes qui se tient en ce moment à Seattle (États-Unis). Car cette étude, pilotée par l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) avec l'association Aides, pourrait bien changer le visage de l'épidémie en France. En particulier dans la population homosexuelle, concernée par quatre nouvelles contaminations sur dix.
Ipergay montre en effet qu'il est possible de réduire de 86 % le risque de contamination (entre 40 et 99 % sur le plan statistique) d'une population d'homosexuels à haut risque, grâce à la prise d'un médicament constitué de deux antirétroviraux, le Truvada, avant et après un rapport sexuel potentiellement contaminant. « Nous avons suivi 400 personnes sur une durée moyenne de 13 mois, et 88 % des participants sont allés jusqu'au bout de l'étude», a expliqué le Pr Jean-Michel Molina (Groupe hospitalier Saint-Joseph, Paris), coordinateur de l'étude, lors d'une conférence téléphonique mardi.

Accompagnement renforcé

Mieux encore, les deux seuls patients contaminés alors qu'ils étaient dans le groupe sous Truvada «l'ont été après 16 mois et après 20 mois, alors qu'ils ne prenaient plus le traitement», explique le Pr Molina. Quatorze personnes ont été contaminées dans le groupe placebo. Soit une très forte incidence, de 6,6 %.
«Il y avait déjà des données sur le Truvada en continu, commente le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS, mais là, dans Ipergay, c'est une prise intermittente, ce qui semble favoriser l'adhésion.» Un point crucial, car, dans de précédents essais, l'efficacité du Truvada était bien corrélée à la prise effective du médicament, vérifiée par une prise de sang. «Cet essai va renouveler l'intérêt pour les stratégies pré-exposition (PrEP)», se félicite le Pr Molina. D'autant que la tolérance s'est révélée excellente, sans relâchement des comportements ni apparition de résistance au traitement.
Tous les participants bénéficiaient d'un accompagnement renforcé avec, détaille le Pr Molina, «distributions de préservatifs, dépistage et traitement systématiques des infections sexuellement transmissibles, explications du traitement post-exposition». Des précautions indispensables, mais parfois difficiles à suivre par des homosexuels à haut risque. «Dans Ipergay, il s'agissait de gays plutôt consommateurs de produits psychoactifs, ayant une forte consommation de sexe (en moyenne 8 partenaires différents sur deux mois, NDLR) et en difficulté avec le préservatif», explique Vincent Pelletier, directeur général d'Aides. Une population «dans laquelle 70 % des personnes n'utilisaient pas de préservatifs pour les rapports anaux», note le Pr Molina.
Reste à rendre ce médicament accessible aux populations vulnérables. Pour le moment, il ne peut pas, en France, être prescrit en prévention. «Cela fait plus de deux ans que nous demandons que le Truvada soit autorisé en France pour les personnes les plus à risque, souligne le président d'Aides, Bruno Spire, nous espérons que cet essai va convaincre les autorités de santé.»
À vrai dire, l'Agence du médicament (ANSM) en est encore à se réunir. Un comité scientifique a décidé le 26 janvier… d'organiser une seconde réunion sur les modalités pratiques que pourrait prendre une telle autorisation. Contacté par Le Figaro, l'ANSM évoque la mi-mars.

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